Au Théâtre Silvia-Monfort, à Paris, en avril, une violoncelliste joue du Bach sur un podium qui, suspendu dans les cintres un bon mètre au-dessus du plateau, évolue dans l’espace au gré des impulsions dont le gratifie un jongleur. D’abord latéralement, comme si la musicienne s’abandonnait au mouvement d’une balançoire, puis en rotation, à la manière d’un manège. Jamais l’interprétation d’une Suite de Jean-Sébastien Bach n’aura paru aussi ludique que sous l’archet vertigineux de Noémi Boutin au sein d’un spectacle, Sarabande, qu’elle a créé en 2014 avec Jörg Müller, maître de la flamme virevoltante, d’allumette ou de bougie.
On a donc du mal à envisager les prestations de la violoncelliste, âgée de 42 ans, sans la partie visuelle. Pourtant, elle publie aujourd’hui un album solo à même de la « représenter » totalement, par son contenu (rien que des pièces contemporaines, dont cinq commandes), sa conception (un vrai travail d’équipe), son titre, Ricoche (répercussions sensibles d’une œuvre à l’autre), et, même, sa pochette (mise en abyme d’une photo de l’artiste déjà utilisée comme couverture de son premier album consacré à Benjamin Britten).
Il vous reste 76.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.