Meilleures Actions
Histoires Web vendredi, octobre 25
Bulletin

Depuis bientôt trois semaines, l’armée israélienne mène une opération militaire d’une rare violence contre le nord de Gaza, en pilonnant et assiégeant cette zone, dans le but de la vider de sa population. Tout s’y déroule quasiment à huis clos : Israël empêche les journalistes étrangers d’accéder à l’enclave depuis plus d’un an, les communications sont coupées et beaucoup de reporters palestiniens ont eux-mêmes fini par quitter les lieux. Mercredi 23 octobre, Israël a franchi un nouveau cran dans cette politique de black-out médiatique en accusant six des journalistes palestiniens qui travaillent encore dans cette région d’être des combattants ou des vétérans du Hamas et du Jihad islamique – deux organisations considérées comme terroristes par l’Union européenne.

Tous ceux mis en cause travaillent pour la chaîne qatarie Al-Jazira. Parmi eux figurent les deux visages les plus connus de Gaza, Anas Al-Sharif, 27 ans, et Hossam Shabat, 23 ans, qui, depuis un an, passent tous les jours en direct sur les petits écrans du monde arabe. Les militaires israéliens s’appuient sur des documents – dont Le Monde n’a pu vérifier l’authenticité – qu’ils disent avoir retrouvés dans « des ordinateurs du Hamas et du Jihad islamique » saisis à Gaza. Selon ces tableaux, Anas Al-Sharif, Hossam Shabat, Ismaïl Abou Omar et Talal Arrouki seraient rattachés au Hamas, tandis qu’Ashraf Saraj et Alaa Salama seraient eux, respectivement, soldat d’infanterie et directeur adjoint de la propagande de combat du Jihad islamique.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés A Gaza, la fuite des survivants de Jabaliya

« Ce sont des mensonges éhontés, a contesté auprès du Monde Hossam Shabat. L’occupation [israélienne] essaie de justifier le fait que, si des journalistes sont visés, c’est parce qu’ils sont des combattants. Nous continuons notre travail, notre priorité est de diffuser la vérité sur ce que fait aujourd’hui l’armée d’occupation dans le nord de la bande de Gaza. » Son confrère Anas Al-Sharif a lui aussi nié tout lien avec un quelconque mouvement. « L’armée d’occupation a tenté à plusieurs reprises de nous réduire au silence par la mort et par le feu, soit en visant ma maison et en tuant mon père, soit en nous prenant pour cible à plusieurs reprises », a-t-il réagi sur son compte X.

123 professionnels des médias tués en un an

Al-Jazira a condamné ces « accusations fabriquées », avant d’être mise en cause à son tour par l’armée israélienne, le 24 octobre. Fournissant d’autres documents, eux aussi impossibles à authentifier, les militaires accusent la chaîne d’avoir entretenu une « étroite coopération » avec le Hamas, avec lequel elle aurait eu le projet d’établi une « ligne de communication sécurisée ». Sur les rapports diffusés par l’armée, le mouvement islamiste à la tête de Gaza détaille des instructions qu’il aurait données à Al-Jazira pour minimiser la couverture médiatique d’un tir de roquette raté du Jihad islamique et, plus généralement, pour éviter les critiques visant les deux organisations palestiniennes sur la chaîne lors d’une brève confrontation avec Israël, en 2022.

Il vous reste 50.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.