Le parquet national anticriminalité organisée (Pnaco) sera-t-il un « nouveau machin » destiné à porter politiquement le ministre de la justice, Gérald Darmanin, en vue de l’élection présidentielle de 2027, comme le dénoncent ses détracteurs, ou un « super parquet » ultra-spécialisé pour cibler les trafiquants du « haut du spectre », comme l’affirment ses partisans ? La réponse dépendra des contours donnés à ce parquet spécialisé, discutés en séance à l’Assemblée nationale à partir de lundi 17 mars dans le cadre de la proposition de loi « visant à sortir la France du piège du narcotrafic », déjà votée à l’unanimité par le Sénat. Le succès du Pnaco dépendra aussi des moyens que lui donnera le ministère de la justice, souligne un rapport de la mission de préfiguration consulté par Le Monde. Cette mission, composée de magistrats et de forces de l’ordre, avait été mandatée après le vote du texte afin de le confronter à leur expérience du terrain.
La mission appelle à éviter la précipitation – proposant une mise en œuvre du Pnaco en janvier 2026, plutôt qu’en septembre 2025, date prévue par les sénateurs, afin de permettre l’allocation des moyens humains et immobiliers nécessaires. Si « la mission a été sensible à la dimension symbolique et au message politique fort que constituerait une implantation à Marseille », elle conseille par ailleurs d’installer le futur Pnaco à Paris – à la fois pour des raisons de facilité de transfert des effectifs déjà spécialisés sur le sujet, mais aussi pour des raisons de sécurité et de « risque corruptif » plus fort dans la cité phocéenne. Des arguments qui ont fait « changer d’avis » le ministre de la justice, qui a déclaré devant l’Assemblée nationale, le 4 mars, faire le choix de Paris, avant « peut-être (…) dans trois, cinq ou dix ans [de] déconcent[rer] une partie des services à Marseille ».
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