Meilleures Actions
Histoires Web mercredi, janvier 8
Bulletin

On pense communément que les atteintes – de plus en plus graves – à la liberté académique dans les régimes illibéraux (sans parler des régimes autoritaires) ne concernent pas les démocraties libérales. Pourtant, notre liberté académique est affectée de façon croissante par ce qui se passe dans ces régimes, en Iran, en Turquie ou encore en Biélorussie. Ces atteintes ne datent malheureusement pas d’aujourd’hui. En témoignent les cas tristement célèbres de l’anthropologue Fariba Adelkhah, chercheuse à Sciences Po, rentrée en France après quatre ans et demi de privation de liberté en Iran, dont près de deux ans d’incarcération dans la prison d’Evin ; et de la sociologue turque Pinar Selek, réfugiée en France en 2011, puis naturalisée, mais qui continue à être persécutée par le régime turc, qui l’accuse de terrorisme après lui avoir confisqué sa recherche sur les Kurdes.

Cependant, lors du cinquième procès (après quatre acquittements) intenté contre elle, dont la dernière audience s’est tenue le 28 juin 2024 à Istanbul (Turquie), un pas supplémentaire a été franchi : ce n’est plus seulement elle, mais l’université Côte d’Azur, où elle exerce en tant qu’enseignante-chercheuse, qui a été mise en cause par le ministère de l’intérieur turc. Ce dernier prétendait établir un lien entre une conférence académique organisée sous l’égide de l’université, du CNRS et de l’Institut de recherche pour le développement et des activités terroristes, dans une tentative manifeste et outrancière de discréditer aussi bien Pinar Selek que la liberté académique dans son ensemble.

Ne nous y trompons pas : les institutions d’enseignement supérieur et de recherche françaises se trouvent ainsi gravement mises en accusation. Une telle évolution est le signe d’une forte aggravation des menaces que ces régimes illibéraux font peser sur l’enseignement et la recherche dans les régimes libéraux, qui se croyaient sans doute épargnés jusque-là.

Le 7 février se tiendra une nouvelle audience du procès de Pinar Selek, dans une conjoncture politique qui s’est durcie en Turquie, conduisant le gouvernement à remplacer les juges antérieurs par des magistrats encore plus soumis au pouvoir politique. Une mobilisation et une vigilance accrues doivent être de mise à l’approche de cette nouvelle étape judiciaire.

Il vous reste 65.4% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.