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Histoires Web mercredi, décembre 18
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Des murs blancs qui s’étirent très haut, une grande façade vitrée qui laisse passer la lumière, des livres dispersés jusque sur les marches de l’escalier. Sur un chevalet, la peinture d’une femme enceinte. En face, le canapé, recouvert d’un drap beige, sur lequel les modèles prennent place. Dans ­l’arrière-chambre, un chien qui aboie. Dans cet ancien atelier de photographe niché rive gauche, à Paris, Jean-Philippe Delhomme peint tous les jours, fidèle à la tâche.

L’artiste présente actuellement plus d’une vingtaine de tableaux à la galerie Perrotin dans le cadre d’une exposition baptisée « Model Resting » (« modèle au repos »), des portraits de femmes réalisés à la peinture à l’huile, accompagnés de plusieurs natures mortes. Des tableaux qui disent un style, un goût. Celui de l’épure, de la simplicité de l’instant, du « non-spectaculaire », comme l’indique l’artiste.

Jean-Philippe Delhomme, peintre, illustrateur mais aussi auteur et poète, travaille uniquement d’après nature, c’est-à-dire en présence directe de ses modèles ou de ses objets, sans avoir recours à aucune source iconographique. « Ce qui m’intéresse, c’est de regarder et de peindre ce que je vois, sans ajouter, sans forcer, juste être là, capter la beauté de la lumière, des visages, des choses, des instants. » Il n’effectue aucun dessin préparatoire, se lance à même la toile durant les séances de pose.

Des amies, des amies d’amies

Ses modèles ne sont pas des professionnels, mais des personnes proches, familières, dont la présence et le visage l’inspirent. Dans cette série présentée à la galerie Perrotin et réalisée durant l’année 2024 : uniquement des femmes. Des amies, des amies d’amies, des personnalités qui l’intriguent, avec qui il aime dialoguer. « Toutes sont investies dans le tableau. Je préfère parler de “non-poses”, car je n’exige aucune attitude, aucune gestuelle. Nous discutons beaucoup pendant les séances, nous créons ensemble une atmosphère. Les plus beaux gestes sont d’ailleurs souvent ceux que nous n’avions pas imaginés. »

Les personnes viennent habillées comme elles le souhaitent, ici encore sans consigne particulière. « D’ailleurs je ne pense pas aux vêtements, je ne cherche pas à faire des images de mode. » Jean-Philippe Delhomme s’efforce avant tout de capturer « la part insaisissable d’une personne », « son aura » sans jamais la « synthétiser ni la réduire », comme peut le faire une peinture réalisée à partir d’une photographie. S’il prend des clichés pendant les séances, c’est simplement pour documenter son travail, à la manière d’un journal, afin de garder une trace.

Dans l’atelier de Jean-Philippe Delhomme, à Paris, la mannequin Léa de La Bouralière posant en compagnie du chien Kala pour « Léa With Matisse ».
Léa de la Bouralière posant pour

Les séances de pose durent environ trois heures, parfois un peu moins. Presque toujours, le peintre et le modèle se regardent dans les yeux. « J’aime que la personne que je peins soit face à la toile pour que ce soit elle qui, ensuite, regarde les spectateurs. » Tout se passe en direct dans l’atelier. « Une fois la personne partie, il peut m’arriver de retoucher des détails : les livres, les objets, le décor du tableau, mais jamais les personnes que je peins. Corriger, c’est prendre le risque de perdre ce qu’on voyait, cela se joue à un détail infime. »

L’atelier de Jean-Philippe Delhomme, avec la toile « Léa resting », et dessins à l’encre de l’artiste, à Paris, en mai 2024.

Exposition « Model Resting », de Jean-Philippe Delhomme, jusqu’au 18 ­janvier 2025, à la galerie Perrotin, 76, rue de Turenne, Paris 3e. leaflet.perrotin.com

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