La question, impertinente et légitime, s’impose chaque année à Mamadou Souleymane Sy, enseignant d’histoire-géographie au lycée de Kassack, à Saint-Louis. « Monsieur, pourquoi apprend-on si peu l’histoire du Sénégal alors qu’on sait tout de celle de l’Europe ? », l’interpellent ses élèves, le renvoyant ainsi à ses propres questionnements.
« Pourquoi demander à des élèves de maîtriser l’histoire de territoires étrangers quand ils ne maîtrisent pas la leur ? Au collège, on leur parle des civilisations d’Egypte, de Nubie, de la traite négrière, des guerres mondiales… Mais on insiste si peu sur l’histoire des royaumes issus de notre passé ! Il serait judicieux de mettre la focale sur cette histoire dès la 6e, car elle permet d’éclairer comment nous avons fait nation », estime M. Sy, qui, comme d’autres collègues du continent africain, souligne le décalage entre les programmes enseignés et l’histoire de leurs pays, encore dominée par la période coloniale.
L’ambition de décoloniser l’histoire africaine remonte aux indépendances, mais le projet connaît un nouveau souffle ces dernières années, agité par des courants qui se proclament souverainistes, mais aussi porté par un besoin plus profond de réappropriation.
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