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Histoires Web lundi, septembre 16
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Ils étaient tous d’accord pour déplorer les atermoiements d’Emmanuel Macron dans sa quête d’un nouveau premier ministre. Les partenaires sociaux sont désormais très partagés face au choix du chef de l’Etat. La nomination, jeudi 5 septembre, de Michel Barnier à Matignon est, sans surprise, commentée sur un ton bienveillant par le patronat, tandis que les syndicats, eux, oscillent entre prudence et franche déception – voire désir d’en découdre dès à présent. L’ensemble des protagonistes guettent avec impatience la composition du prochain gouvernement et ses lignes directrices sur plusieurs dossiers-clés : pouvoir d’achat, retraites, finances publiques…

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La CGT fait partie des organisations très critiques au sujet de la désignation de M. Barnier. Pour sa secrétaire générale, Sophie Binet, les conditions dans lesquelles le processus de sélection s’est déroulé pose un énorme problème de principe : la décision de M. Macron « est en décalage complet avec le message des électeurs », considère-t-elle, en ajoutant : « On peut même dire que le président de la République s’assoit sur le vote du 7 juillet, à l’occasion du deuxième tour des législatives. »

D’après la syndicaliste, la logique aurait voulu, « comme dans toutes les démocraties parlementaires », que la première personnalité retenue pour Matignon soit issue de la coalition arrivée en tête lors du scrutin – en l’occurrence le Nouveau Front populaire (NFP). « Mais cette chance-là ne lui a pas été offerte », constate la responsable de la CGT, d’autant plus amère qu’elle avait appelé à glisser un bulletin dans l’urne pour l’alliance des partis de gauche.

« Pas un mot au sujet des salaires, des retraites »

Le rôle de faiseur de rois endossé par le Rassemblement national (RN) constitue un autre motif d’indignation pour Mme Binet : « Il est placé au centre du jeu, dans une position d’arbitre, et c’est lui qui aura droit de vie ou de mort sur le gouvernement que Michel Barnier va constituer », fulmine-t-elle. Une allusion au fait que le choix du président de la République a été influencé par la position du parti d’extrême droite sur l’identité du premier ministre, Marine Le Pen laissant entendre que sa formation ne censurerait pas d’entrée de jeu M. Barnier. La FSU, par la voix de son secrétaire général, Benoît Teste, s’inquiète, elle aussi, de cette « forme d’adoubement » du nouveau locataire de Matignon par le RN. Il y a un « risque » que la politique à venir « donne des gages à l’extrême droite », complète M. Teste.

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Pour autant, la CGT comme la FSU assurent qu’elles jugeront « sur pièces » le successeur de Gabriel Attal. « Nous ne lui faisons pas le procès de vouloir appliquer le programme qu’il défendait lorsqu’il briguait l’investiture de la droite pour la présidentielle de 2022 », affirme M. Teste. Mais les premières déclarations de M. Barnier, jeudi soir pendant la passation des pouvoirs dans la cour de Matignon, ne disent rien qui vaille à Mme Binet. Même s’il a manifesté sa volonté de faire preuve de « beaucoup de respect » envers les « partenaires sociaux », elle trouve ses propos très préoccupants : « Pas un mot au sujet des salaires, des retraites et seulement quelques considérations générales à propos des services publics, sur lesquelles nous demandons des clarifications fortes. »

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