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Histoires Web jeudi, octobre 9
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Robert Badinter s’est levé à son tour, pâle, maigre, les traits tirés, après une nuit où il n’avait guère dormi. Au matin de ce 20 janvier 1977 devant la cour d’assises de l’Aube, à Troyes, l’avocat général avait réclamé la peine de mort contre Patrick Henry, accusé d’un crime affreux, l’enlèvement et le meurtre d’un garçonnet de 7 ans, retrouvé un an plus tôt, roulé depuis dix-sept jours sous un lit, alors que l’accusé, impassible, avait repris sa petite vie et était même parti avec des copains faire du ski en Suisse. Toute la France hurlait à la mort, trois ministres du gouvernement de Raymond Barre s’étaient prononcés pour la peine capitale, l’avocat savait qu’il avait une chance sur mille de sauver la tête de ce jeune homme de 23 ans.

Lire aussi (2024) | Article réservé à nos abonnés La plaidoirie de Robert Badinter au procès de Patrick Henry, en 1977 : « Moi je vous dis : si vous le coupez en deux, cela ne dissuadera personne »

Robert Badinter a parlé, le dernier. Une heure et demie de plaidoirie hallucinée, la voix rauque, assourdie, puis grondante jusqu’au cri, d’un homme habité par un souffle puissant, « qui a tenu comme fascinés, éblouis, tous ceux qui étaient dans la salle d’audience », a noté Pierre Georges dans Le Monde. L’avocat a hurlé aux jurés que c’étaient eux, et eux seuls, qui avaient le pouvoir « de couper un homme en deux » et qu’il penserait à eux, ce petit matin blême dans la cour de la prison de la Santé, quand il serait avec Patrick Henry au pied de la guillotine.

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