S’il fallait un symbole pour caractériser The European Fine Art Fair (Tefaf), la foire d’art et d’antiquités de Maastricht (Pays-Bas), on choisirait, parmi les 274 exposants, le stand de la galerie bruxelloise Flore : deux salles séparées par un couloir, au fond duquel est installé un petit mur de briques bleues de l’artiste contemporain Jean-Michel Othoniel. La pièce à sa droite dégage une étrange odeur de sous-bois, et pour cause : elle a été tapissée de mousses et transformée en grotte par un célèbre fleuriste installé en Belgique, Thierry Boutemy.
A l’intérieur ont été aménagées des niches qui, chacune, abritent des céramiques, mais pas n’importe lesquelles : elles sortent toutes de l’imaginaire, fécond et kitsch avant l’heure, de Bernard Palissy (1510-1589) et ont été réalisées par ses suiveurs ou ses disciples, comme on voudra, entre la fin du XVIe et le milieu du XVIIe siècle. Quant à la grotte, l’idée est chipée à Catherine de Médicis, laquelle en avait fait construire une pour abriter, dans son palais, les œuvres du maître.
C’est cela, Maastricht : un résumé de 7 000 ans d’histoire de l’art, de savoir-faire, de tradition et de modernité avec, parfois, quelques moments de grâce. Et tout est à vendre… Cela tombe bien, les acheteurs sont là, et, en premier lieu, les musées : des centaines de leurs représentants, conservateurs, trustees, mécènes viennent chaque année et font de Maastricht la foire la plus visitée au monde par cette clientèle de riches connaisseurs, avec à leur tête les Américains.
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