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Histoires Web samedi, mai 17
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C’est un cimetière entouré de pins verts, sur les hauteurs des Carpates orientales de Roumanie. L’entrée est encadrée par un grand portail en bois dont chaque coin est creusé d’un croissant de lune et d’un soleil, symboles des Sicules, la minorité hongroise de Transylvanie. Une piste caillouteuse et cabossée y serpente depuis la commune de Sanmartin (Csikszentmarton, en hongrois). Un lieu a priori paisible pour se recueillir sur ces quelques centaines de tombes de soldats de l’ancien Empire austro-hongrois, morts pendant la première guerre mondiale. Mais, en 2019, le cimetière de Valea Uzului est devenu l’épicentre de vieilles rancunes nationalistes entre Roumains et Hongrois. A la tête du mouvement, côté roumain, un homme, George Simion, qui pourrait devenir, dimanche 18 mai, président de la République.

« L’événement de Valea Uzului est encore douloureux à évoquer », murmure Andras Gergely, ancien maire de Sanmartin. Pendant ses six mandats, de 1992 à 2020, il a supervisé les réparations et l’entretien de ce cimetière, situé sur le territoire de sa commune de 2 200 habitants majoritairement magyarophones. Derrière le bureau de son association pour le développement local, l’homme de 59 ans à l’allure imposante se souvient de ce printemps 2019 quand la mairie de Darmanesti, une municipalité voisine derrière les montagnes, dans le département de Bacau, y a placé des croix roumaines. « Mais sans autorisation et parfois sur des sépultures hongroises », affirme l’ancien édile, qui dénonce une « profanation ». Selon lui, aucun soldat de l’armée roumaine n’est enterré dans ce lieu, qui faisait partie de l’Empire austro-hongrois, tandis que la ligne de front avec l’armée du royaume de Roumanie était située quelques kilomètres plus loin. En 1920, après le traité de Trianon et la dislocation de l’Empire austro-hongrois, la Roumanie a récupéré cette région – la Transylvanie – et sa population magyarophone.

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