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Histoires Web dimanche, avril 20
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L’intention du « comité d’alerte du budget », convoqué mardi 15 avril par le premier ministre, est louable. Il s’agit de préparer les esprits à l’impérieuse nécessité de s’attaquer à la maîtrise de nos comptes publics. En réunissant partenaires sociaux, collectivités locales, parlementaires et des représentants d’organismes de sécurité sociale, François Bayrou fait le pari qu’associer, en amont et le plus largement possible, les parties prenantes permettra de désamorcer la discussion sur le budget 2026, qui s’annonce délicate au regard des efforts à fournir.

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« Seule une prise de conscience » des Français, affirme-t-il, peut « soutenir une action déterminée ». Celle-ci doit être dévoilée d’ici au 14 juillet. C’est alors que l’on jugera de sa capacité réelle à passer des discours aux actes.

De métaphores en formules alarmistes, le premier ministre a rappelé un contexte déjà connu. La dette s’accroît inexorablement, pour dépasser les 3 300 milliards d’euros, soit 113 % du produit intérieur brut (PIB). Depuis cinquante ans, la France fonctionne avec un budget systématiquement en déficit, qui oblige le pays à emprunter toujours plus sur les marchés financiers. En 2025, ce sont ainsi plus de 300 milliards d’euros qui devront être levés, alors que les intérêts de la dette devraient atteindre 67 milliards.

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Cette charge rogne de plus en plus sur les marges de manœuvre budgétaires du pays, au moment où des murs d’investissement se dressent devant lui. La montée de la menace russe et le désengagement des Etats-Unis en Europe obligent à accroître rapidement et considérablement les efforts en matière de défense. La conjoncture se durcit, les incertitudes grandissent, le financement de notre système de protection sociale se fragilise sous l’effet du vieillissement démographique. Le changement climatique s’accélère. Sans reprendre le contrôle de nos comptes publics, le pays ne sera plus capable de préserver sa souveraineté, a martelé le premier ministre.

Le diagnostic n’est pas nouveau, mais le fait qu’il soit porté au plus haut niveau de l’Etat constitue un progrès notable. Prendre le pays à témoin ne sera toutefois pas suffisant pour trouver un consensus politique capable de sortir la France de son ornière budgétaire. Les réactions au signal d’alarme tiré par François Bayrou ont laissé de marbre ses interlocuteurs, qui n’y ont vu qu’un « exercice de communication » pour les uns, une « vision comptable » pour les autres.

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Chacun est resté campé sur ses postures. La gauche fait des hausses d’impôt la solution à tous nos problèmes de déficits. La droite rêve d’une réduction drastique des dépenses sans se préoccuper de ses effets récessifs. L’extrême droite pense que la lutte contre la « gabegie » suffira à rétablir les équilibres. Autant dire que les consultations qui doivent s’engager d’ici à l’été, avant que le gouvernement présente les grands équilibres de la loi de finances 2026, ne se présentent pas sous les meilleurs auspices.

En fait, la méthode Bayrou se heurte aux propres fragilités de son auteur. Sa popularité est au plus bas. Hormis l’adoption du budget 2025, son bilan reste maigre. Le socle « commun », sur lequel il est censé s’appuyer, est tiraillé par les ambitions présidentielles de ses principaux leaders. Enfin, les oppositions à l’extrême droite et à l’extrême gauche continuent de menacer le gouvernement de le faire tomber à tout moment. Le premier ministre appelle au sursaut et cherche à prendre de la hauteur, mais, quatre mois après son arrivée à Matignon, force est de constater qu’il n’en a guère les moyens.

Le Monde

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