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Histoires Web dimanche, septembre 8
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Une des expériences les plus formatrices de ma vie a été de visiter Montréal, au Québec, à l’âge de 16 ans, de louer un vélo et de passer un après-midi à me balader autour des infrastructures laissées à l’abandon après que ce grand festival international de course et de saut s’en est allé parasiter une autre ville. Oui, les Jeux olympiques (JO) n’avaient eu lieu qu’un an auparavant [en 1976], et pourtant, tous ces stades, salles de compétition, vélodromes, piscines et pistes de course étaient déjà tellement peu utilisés, voire carrément abandonnés, qu’ils avaient pris l’aspect d’étranges ruines modernistes.

Cette expérience m’a conforté dans une pensée qui m’a accompagné tout au long de ma vie d’adulte : tout ce qui est solide se dissout dans l’air, et toute idée que le progrès moral peut être accompli en construisant quelque chose se volatilise aussi.

Après Montréal, je suis allé voir les infrastructures olympiques de Los Angeles, Barcelone, Atlanta, Sydney, Vancouver, Athènes et, bien sûr, de ma ville natale, Londres. Oui, c’est vrai : certaines villes qui ont accueilli les Jeux s’en sont mieux sorties que d’autres, mais je doute que quiconque, mis à part les athlètes de saut à la perche ou les politiciens dont les carrières ont été opportunément propulsées, s’intéresse véritablement à l’« héritage » de ces Jeux.

Ardent critique des JO de 2012 à Londres, j’ai à l’époque dénoncé ce qui était une évidence pour tous : la ville a investi dans ces Jeux au détriment d’investissements dans des structures sportives destinées à tous les jeunes gens afin qu’ils puissent rester en forme. Les Jeux londoniens ont plus ou moins coïncidé avec la dernière ligne droite, sinistre, de la politique lancée sous le régime Thatcher de liquidation de toutes sortes d’actifs de l’Etat britannique.

Privatisation des biens publics

On parle souvent, évidemment, des logements construits par les municipalités, mais quantité de terrains de jeu appartenant à des établissements scolaires, de piscines, d’aires de jeu et de biens municipaux d’une manière générale ont été vendus pour une bouchée de pain, et ce avec un enthousiasme croissant, en particulier à Londres, pour atteindre, autour de l’année 2010, une forme d’apothéose.

Cette grande braderie répondait à l’impératif de privatiser les biens publics, qui a mené le Royaume-Uni à avoir des inégalités de revenus et de richesse en général bien plus importantes que la France, des services publics de moindre qualité, et une population qui, dans sa majorité – étant la plus obèse et la plus physiquement inactive d’Europe –, se montre plus rebondie que ces affreuses doudounes qu’elle ne quitte plus.

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