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L’avantage supposé du Doliprane est qu’il est peu agressif pour l’estomac. En revanche, son efficacité sur les grosses migraines dépend beaucoup des individus. La décision du gouvernement, dimanche 20, d’autoriser la vente partielle de la division Opella de Sanofi, producteur du fameux Doliprane, est supposée soulager un mal français durable, sa désindustrialisation chronique.

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Grâce à une participation symbolique, l’Etat s’invite au capital de la société et au conseil d’administration, afin de contrôler les agissements du fonds d’investissement américain Clayton Dubilier & Rice. Il pense ainsi pouvoir contenir la fronde politique qui l’accuse de laisser partir des joyaux stratégiques à l’étranger et de préparer le terrain à des délocalisations dramatiques.

Toutes ces inquiétudes sont légitimes, d’autant plus que sont en jeu des centaines d’emplois, mais justifiaient-elles de menacer d’aller jusqu’au blocage de l’opération ? Il n’est pas choquant que Sanofi décide de concentrer l’essentiel de ses efforts sur les médicaments innovants plutôt que sur des produits en vente libre. On lui a assez reproché son fiasco scientifique et industriel au cours de la dernière crise sanitaire liée au Covid-19 pour ne pas l’encourager à innover plus. Dès lors, la vente à un fonds n’est pas forcément plus dangereuse industriellement que la cession à un concurrent qui chercherait des synergies en fermant des sites. En revanche, que la France garde un œil sur son tissu industriel, y compris par l’intermédiaire de sa banque publique Bpifrance, est compréhensible.

Lutte contre la prédation

Mais l’histoire de ces vingt dernières années révèle tout de même un paradoxe troublant. La France est l’un des pays industrialisés les plus protecteurs, et l’un des moins protégés. Son arsenal législatif et son interventionnisme lui ont valu une réputation mondiale, depuis que le moindre biscuit au beurre était labellisé d’intérêt national. Mais son niveau de désindustrialisation avancé montre que ces digues sont en sable et ne résistent pas aux tempêtes.

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Et cela pour trois raisons bien connues. La première est la difficulté à distinguer le stratégique du politique. La lutte contre la prédation de nos entreprises innovantes et la réaction démagogique aux colères du moment. La deuxième est l’oubli volontaire des réalités économiques. Epuiser de maigres ressources à sauver des fabricants de turbines à gaz ou de rails de chemin de fer n’est pas forcément le meilleur usage des deniers publics. Et, enfin, la réflexion est souvent insuffisamment dynamique. Plutôt que de sauver à tout prix le monde d’hier, il faut préparer celui de demain, comme on le fait pour les batteries automobiles ou pour aider au développement des biotechnologies. Mais tout cela demande une constance qu’oublient parfois les politiques.

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