Si l’on doit juger l’habileté d’un homme ou d’une femme politique à sa capacité à mettre dans le débat public des propositions qui résonnent avec l’humeur de la société, alors reconnaissons que Gérald Darmanin, ministre de la justice, a indiscutablement du talent. Le ministère de l’intérieur lui avait fourni de nombreuses occasions de l’exercer, tant les questions de police sont propices aux réactions à chaud.
C’est a priori plus difficile à la chancellerie. Par définition, un garde des sceaux n’est pas habilité à commenter les décisions de justice. Mais il ne fallait pas attendre de Gérald Darmanin qu’il reste silencieux très longtemps. Immédiatement après son arrivée Place Vendôme, il a exhumé un sujet qui n’avait pas fait l’objet de grandes décisions politiques depuis plusieurs années : les prisons françaises.
Depuis plus de quatre mois, il ne se passe pas une semaine sans que le garde des sceaux ne fasse une annonce. Il y a eu d’abord son projet d’une (puis de deux) prisons ultra-sécurisées pour rassembler les 100, puis les 200 plus dangereux narcotrafiquants. Il vient même d’annoncer, dimanche, la création d’une troisième, en pleine jungle en Guyane. Il y a eu aussi la définition d’un régime carcéral d’isolement quasi total, qui en fera l’un des plus stricts d’Europe. Puis son projet de construction d’établissements pénitentiaires modulaires d’un nouveau type. Moins sécurisés, moins coûteux, et donc plus rapides à construire, ils seront destinés à des détenus au profil moins dangereux.
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