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Histoires Web mardi, janvier 7
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Pour endiguer la récidive et lutter contre la surpopulation carcérale, le nouveau garde des sceaux, Gérald Darmanin, propose d’exécuter en prison les courtes peines, plutôt que de les aménager avec des sanctions alternatives à la détention. D’abord, relevons immédiatement l’aporie d’un tel raisonnement : pour réduire la surpopulation carcérale, il faudrait incarcérer plus ? La création de nouvelles places de prison apparaît indispensable ; il y a aujourd’hui 80 792 détenus pour 62 404 places, et cela vaut à la France d’être régulièrement condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme.

Pour autant, d’éventuelles nouvelles places de prison devraient être allouées aux détenus déjà incarcérés dans des conditions indignes, et n’ont pas vocation à accueillir une nouvelle population pénale faite de petits délinquants condamnés à de courtes peines, sinon la surpopulation ne fera que s’aggraver et les établissements se dégraderont toujours plus.

De plus, les courtes incarcérations sont parfaitement inefficaces en raison de l’effet désocialisant majeur qu’elles induisent (perte d’emploi, coupure des liens familiaux, accumulation de dettes), conduisant parfois des individus parfaitement insérés à emprunter le chemin de la récidive. C’est d’ailleurs la thèse de Michel Foucault, dans Surveiller et punir (Gallimard, 1975).

Pour certains profils – et notamment les délinquants condamnés à de courtes peines –, la prison est, selon la formule de Victor Hugo, une véritable école du crime : elle n’a aucun effet positif sur leur réinsertion, tant il est vrai qu’il faut un temps long pour construire un projet de sortie cohérent et bénéficier d’un accompagnement efficace dans un cadre carcéral. En réalité, c’est l’oisiveté qui règne la plupart du temps pour les détenus incarcérés quelques mois : la détention est trop courte pour suivre une formation, trouver un travail en prison ou entamer un parcours de soins.

Effet dissuasif inexistant

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