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Le 4 février, la capitale du Ghana a inscrit un record dont elle se serait bien passée : celui de la pire qualité de l’air au monde. La concentration en particules fines (PM2,5) s’est révélée si élevée qu’Accra s’est retrouvée propulsée en tête du classement, ravissant les places de villes comme New Delhi ou Pékin. Le risque est grand de voir ce genre de performance se répéter dans les mois et les années à venir à travers tout le continent africain. Véhicules anciens, trafic congestionné, tas d’ordures qui se consument en pleine rue, cuisson au charbon de bois… Les habitants des villes africaines respirent un cocktail d’une rare toxicité.

La pollution atmosphérique est un problème planétaire. En 2023, seuls dix pays dans le monde avaient une qualité de l’air conforme aux lignes directrices de l’Organisation mondiale de la santé, selon une étude d’IQAir, une société suisse qui recueille les données de capteurs installés tout autour du globe. Mais, en Afrique, le fléau ne cesse de s’aggraver.

Déjà, en 2023, le continent a été la région du monde la plus polluée par les particules fines, avec l’Asie du Sud et l’Asie centrale. Et le tableau reste très incomplet : 30 pays africains sur 54 ne disposent pas de réelles mesures de la qualité de l’air, ou se gardent de les communiquer.

Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés En Afrique, la ville s’étend entre anarchie et développement

Il n’est pas besoin de chercher loin pour trouver les causes de cette augmentation exponentielle de la pollution. Celle-ci suit la courbe de la démographie et de l’urbanisation. Depuis les années 1990, la population de citadins africains double tous les vingt ans. Une croissance échevelée que peinent à absorber des villes sous-équipées et dotées de moyens financiers limités.

Ces villes qui suffoquent

Lagos, capitale économique du Nigeria et plus grosse ville d’Afrique subsaharienne, est un cas d’école. La métropole vient d’inaugurer sa première ligne de métro, mais son réseau de transport en commun demeure notoirement insuffisant pour les quelque 15 millions d’habitants. Résultat : aller travailler nécessite de passer en moyenne de deux à trois heures par jour dans les embouteillages et les gaz des pots d’échappement. S’y ajoute un parc automobile vétuste, essentiellement composé de véhicules d’occasion importés : des millions de voitures, de fourgonnettes ou de minibus très émetteurs d’émissions polluantes.

A Lagos toujours, la loi interdit théoriquement de brûler ses déchets. Mais l’habitude perdure, faute de services de collecte efficients, et génère des fumées nauséabondes qui piquent les yeux et la gorge. Autre source de nuisance : les générateurs au diesel dont s’équipent de nombreux foyers et entreprises pour parer aux pannes incessantes du réseau électrique. Les gaz industriels ne sont pas en reste. Moins de 10 % des fonderies, des cimenteries et autres usines établies dans la ville ont mis en place des installations de traitement adéquates, selon un rapport publié en novembre 2023 par l’ONG britannique Clean Air Fund. Celle-ci affirme que l’air malsain a été responsable de 23 900 morts prématurées dans la mégalopole nigériane en 2019.

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