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FRANCE 3 – MERCREDI 2 OCTOBRE À 21 H 05 – DOCUMENTAIRE

Les territoires français à forte identité donnent souvent lieu à des documentaires intéressants. C’est le cas de celui consacré au Nord et rythmé par la voix de l’actrice Valérie Bonneton, née à Somain (Nord), ancienne commune minière.

On connaît la chanson, avec ces gens du Nord qui « ont dans leur cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors », chantait Enrico Macias en 1967. Ce que l’on sait moins, c’est que, alors qu’un Français sur deux habite la région où il a grandi dans l’Hexagone, ils sont neuf sur dix dans le Nord et le Pas-de-Calais à y être restés.

Pourquoi rester vivre dans ce territoire qui, comme le dit Valérie Bonneton, « fut longtemps moqué pour son accent, desservi par le cliché du pays noir, accablé par un climat ingrat, frappé de mélancolie par une épopée industrielle achevée en désastre » ?

Politique paternaliste

Les nombreux témoins offrent une réponse à cette interrogation. De l’actrice Corinne Masiero, si fière de son accent et de cette terre de solidarité, à d’anciens mineurs et métallos, en passant par des patrons emblématiques, on comprend un peu mieux pourquoi les gens du Nord restent si attachés à leur région.

Au-delà de ces Nordistes qui louent les liens sociaux et la solidarité, la richesse de ce documentaire est aussi due aux nombreuses archives filmées inédites. Archives provenant de sources aussi diverses que Ciné-Archives, le Fonds audiovisuel du PCF et du mouvement ouvrier, ou d’émissions emblématiques comme « Cinq colonnes à la une » datant de 1968. Sans oublier les images tournées par la télévision britannique, seule à montrer les très violents affrontements entre métallos et CRS en 1978, alors que la télévision française se faisait beaucoup plus discrète sur ces événements traumatisants.

Le Nord, longtemps le département la plus peuplé et la plus citadin de France, le plus industriel aussi. Avec ses paysans sortis de la misère pour entrer dans la pauvreté, quittant en masse les champs pour les mines, les usines et les ateliers.

Mais aussi terre de grands patrons, avec les premiers géants de l’agroalimentaire (la chicorée des Leroux, l’orge et le houblon des bières Motte-Cordonnier, la betterave à sucre des Béghin, les légumes des Bonduelle). Et ces industriels misant sur une politique paternaliste pour fidéliser leurs employés, logés dans des corons puis des cités ouvrières un peu plus confortables.

Tragédies minières

La grande histoire se mêle aux destins plus modestes, le goût de la fête et du carnaval aux duretés du travail. On rappelle les souffrances endurées sur ces terres durant les deux occupations allemandes. Et aussi les tragédies minières comme celle de Courrières en 1906 (1 099 morts), qui provoqua une grève générale puis l’adoption de mesures sociales qui profitèrent à tous − journée de travail limitée à dix heures, légalisation des syndicats, repos dominical − et inspira à Emile Zola son livre Germinal.

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On voit Charles de Gaulle, né à Lille, haranguer les mineurs de Béthune en 1947. Un de Gaulle qui, dès 1963, prévoit la fermeture des mines étalée sur trente ans. A la fin des années 1970, toutes les industries du Nord sont à l’agonie et les images d’archives de villes qui ne vivaient que par le charbon, le métal et le textile sont terribles.

Depuis, le Nord a rebondi, les établissements culturels (Louvre-Lens, la Piscine, à Roubaix, notamment) se sont multipliés, les activités modernisées. Quitter l’endroit ? Toujours pas !

Les Gens du Nord, de Jean-François Delassus (Fr., 2024, 90 min).

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