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Histoires Web vendredi, juin 6
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LA LISTE DE LA MATINALE

A l’instar de The Phoenician Scheme de Wes Anderson, sorti le 28 mai, où un industriel défiant la mort voit son héritage convoité, l’absence est très présente dans les sorties de la semaine. Shinji Somai filme, dans Jardin d’été, des enfants avides de découvrir à quoi ressemble un cadavre, quand Kiyoshi Kurosawa déploie, dans Cloud, une philosophie fondée sur une guerre à mort de tous contre tous. Horizonte témoigne des traces que laissent les fantômes errants de la guerre civile colombienne, tandis que Sauve qui peut documente, avec espoir, un hôpital public pourtant à bout de souffle.

Chef-d’œuvre

« Jardin d’été » : gosses de Kobe

On n’en a pas fini de redécouvrir Shinji Somai. Après Déménagement (1993), puis Typhoon Club (1985), Jardin d’été sort en France. Le film met en scène trois écoliers de Kobe, au Japon, qui, à l’approche des grandes vacances, s’interrogent sur la mort, cette grande inconnue, et cherchent à voir un cadavre. Pour cela, ils élaborent un stratagème d’une dureté propre à leur âge. Ils rôdent autour d’une maison délabrée où vit un vieil ermite, Kihachi Denpo. Se figurant ses jours comptés, les compères l’observent, le suivent, passent la palissade fissurée et s’invitent dans sa cour, une jungle de broussailles. Expérience cruelle où le vieillard finit par trouver son compte, confiant aux sales gosses les tâches qu’il ne peut plus accomplir : débroussailler, repeindre, retaper, replanter. La splendeur du film tient à la façon dont il fait émerger cette grande loi du monde dans l’enclos d’un petit jardin. En semant à la place des mauvaises herbes, les trois enfants font pousser des cosmos, belle façon de dire que l’univers tout entier passe par la plus infime de ses parcelles. Au fond du jardin se trouve un puits, dont on ne sait à quelle profondeur il renvoie, mais dans l’embouchure duquel viennent s’inscrire, à la façon d’un médaillon, les visages des trois enfants. Réservoir des âmes, source d’émerveillement, c’est de lui que jaillit aussi l’ultime élan de poésie du film, le plaçant in extremis sous les auspices du conte. Ces contes qui, depuis les territoires de l’enfance, nous apprennent à apprivoiser la mort. Ma. Mt.

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