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Histoires Web jeudi, janvier 9
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L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER

Incroyable film de Jia Zhang-ke, à la fois déconcertant et passionnant, que ces Feux sauvages. Comme si, à 54 ans, le plus grand poète et chroniqueur – avec le documentariste Wang Bing – de la grande mutation chinoise du XXIe siècle s’immobilisait l’espace d’un instant, se retournait, interdit, sur l’histoire contemporaine de son pays en même temps que sur lui-même. De fait, réalisée durant le confinement dû au Covid-19, dont on sait qu’il fut drastique en Chine, l’expérience semble vouloir tirer une leçon cinématographique du rapport au cinéma de son auteur, inaugurée en 1997 avec le fabuleux Xiao Wu, artisan pickpocket, portrait vibrant et mélancolique, en un mot baudelairien, d’un petit délinquant saisi dans une Chine continentale que le film, si vivant, semblait donner, comme pour la première fois, à voir.

Dans Les Feux sauvages, le cinéaste construit donc une bonne partie du film sur des images personnelles anciennes. Des vues accumulées au fil des ans, ainsi que des plans prélevés à des films tels Plaisirs inconnus (2002), Still Life (2006), Les Eternels (2018). Il y prélève, au sein de leurs intrigues et intentionnalités propres, quelques lieux (Datong, Fengjie et Zhuhai), symboles des vitesses variées de la transformation du pays. Une femme, muse et actrice de quasiment tous ses films : Zhao Tao. Et un homme : l’acteur Zhubin Li, qui apparaît dans plusieurs films de l’auteur. Et réécrit à partir de ces images, à nouveaux frais, une fable qui traverse tout son cinéma, en détermine la dimension à la fois trépidante et discrètement élégiaque, une fable qui nous dit que le monde va toujours plus vite que les hommes.

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