Meilleures Actions
Histoires Web mardi, février 25
Bulletin

ARTE.TV – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE

Vieille lune, diront certains. Vrai combat, selon Véronique Préault. La documentariste attaque la question de la discrimination vis-à-vis des femmes sous un angle inédit, tabou, cash : Les femmes riches ne courent pas les rues, résume le titre de son documentaire. « Dans nos sociétés développées, une femme peut à la fois travailler, avoir des enfants, gagner suffisamment d’argent, bref, être indépendante, commence en ouverture la voix off, sur fond d’images de femmes actives dans une rue de New York. Pourtant, les chiffres racontent une tout autre réalité. »

Et de dérouler tous les aspects de cette « réalité ». En 2025, souligne Jocelyn Chu, experte de l’ONU Femmes, « les femmes ne sont supposées gagner que deux tiers de ce que gagnent les hommes au cours de leur vie ». En France, 76 % des 2 millions de retraités vivant sous le seuil de pauvreté sont des retraitées. Sur l’ensemble de la planète, la moitié féminine de l’humanité gagne en moyenne 15,8 % de moins que l’autre.

« Mécanismes invisibles »

Le traitement du sujet ne dédaigne pas une forme d’humour − à double tranchant. Ainsi de ces images empruntées au dessin animé La Belle au bois dormant, de Walt Disney, où l’on voit les fées faire à la princesse nouvelle-née Aurore les dons de la beauté, de la grâce, de la bonté… « Aucune trace de la richesse, observe le commentaire. Alors quoi, la richesse, c’est pas pour les filles ? » Et Véronique Préault d’aller poser la question : les « princesses d’aujourd’hui : rêvent-elles d’être riches » ?

Que veulent-elles faire comme métier lorsqu’elles seront adultes, demande Nicole Prieur, psychothérapeute à Paris, à des petites filles des « beaux quartiers » invitées à une sorte de goûter. Actrice, journaliste, créatrice de mode, avocate, ingénieure… « Gagner de l’argent, c’est bien, mais l’important, c’est d’aimer son métier », répond l’une d’elles. « L’argent, c’est beau, ça brille, mais ça sert à rien », dit une autre. « Les petits garçons et les petites filles que je reçois en thérapie n’ont pas le même rapport à l’argent », souligne Nicole Prieur.

Soixante-seize ans après la parution du Deuxième Sexe, de Simone de Beauvoir (Gallimard, 1949), les femmes restent victimes de « mécanismes invisibles qui limitent leur indépendance financière », dit la voix off. Ainsi boudent-elles des carrières rémunératrices que pourraient leur ouvrir leurs performances scolaires. L’exemple le plus connu est celui de l’informatique, où plusieurs pionnières auraient pu donner à rêver aux petites filles : la mathématicienne anglaise Ada Lovelace (1815-1822), la star d’Hollywood Hedy Lamarr (1914-2000)… Dans le secteur de l’intelligence artificielle, en pleine croissance, on compte seulement une femme pour quatre hommes.

Lire aussi l’entretien (2018) : Article réservé à nos abonnés Comment les femmes ont déserté le secteur informatique

Une vieille histoire

La discrimination commence dès le plus jeune âge, souligne Caroline Ménager, cofondatrice de la société Pixpay, start-up fondée en 2019, spécialisée dans les services bancaires pour les jeunes de 10 à 18 ans : « Les garçons et les filles reçoivent à un euro près, le même montant d’argent de poche. Mais il y a toujours un petit extra, pour le ciné, les sorties, les vêtements… Et c’est là qu’on observe des écarts qui se creusent. » Les mères seraient les premières à faire une discrimination envers leurs filles.

Lire aussi | Les préjugés sexistes sont « enracinés » dans les sociétés et n’ont pas diminué en dix ans, selon un rapport de l’ONU

Une vieille histoire… En 1965, la loi française autorise une femme mariée à ouvrir un compte bancaire sans l’aval de son mari. Une révolution, deux ans avant la loi Neuwirth, qui autorisera l’usage des contraceptifs, et neuf ans avant la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse. Pas si simple… « J’estime que l’homme doit être supérieur à la femme, disait alors une quadragénaire tout sourire, interrogée dans un reportage. A tous points de vue, dans le ménage, pour les décisions, pour les enfants, pour beaucoup de choses… »

Le Monde Ateliers

Cours en ligne, cours du soir, ateliers : développez vos compétences

Découvrir

On mesure le chemin parcouru ; mais aussi celui qui reste à parcourir. Témoin, l’indice d’inégalité de genre, créé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), afin de mesurer l’égalité entre hommes et femmes. Pedro Conceiçao, du PNUD, résume d’une phrase l’état des lieux : « Qui serait le meilleur responsable politique, le meilleur dirigeant d’entreprise ? Si on n’avait aucun biais, on aurait 50 % des réponses en faveur des hommes et 50 % en faveur des femmes. Mais, au final, tous sexes confondus, 90 % sont en faveur des hommes. »

En conclusion, le documentaire s’interroge : le discours sur l’égalité des sexes et la parité serait-il « une croyance plutôt qu’une réalité » ? La révolution est une longue marche…

Les femmes riches ne courent pas les rues, de Véronique Préault (Fr., 2025, 52 min). Disponible sur Arte.tv, à l’antenne d’Arte mardi 4 mars, à 21 h 50.

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.