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Histoires Web vendredi, juillet 5
Bulletin

Pour se changer les idées, rien de tel qu’un peu d’insouciance marseillaise. Près du Vieux-Port, l’heure est à l’apéro et les terrasses sont bondées pour suivre les matchs de l’Euro de football. Et le festival Marseille Jazz des cinq continents a pris ses quartiers jusqu’au samedi 13 juillet.

Direction la Friche la Belle-de-Mai, dans le quartier populaire du même nom, pour assister, entre un skatepark et des terrains de basket-ball, le long de la ligne de chemin de fer, aux débuts phocéens du trio parisien Bada-Bada. Dont le premier album, Portraits (Gum Club/Virgin Records), paru en janvier, confirme l’excellence d’une scène instrumentale française issue des musiques improvisées.

Evidemment, le mistral s’en est mêlé : prévue sur la terrasse de l’ancienne manufacture des tabacs, la soirée a été déplacée au Cabaret aléatoire, d’ordinaire réservé aux musiques électroniques. Et transformée, pour l’occasion, en club de jazz si l’on se fie à l’instrumentarium. Soient un saxophone (Leo Fumagalli), une trompette (Lilian Mille) et une batterie (Tiss Rodriguez) – ils sont augmentés à la scène de la basse électrique de Tao Ehrlich.

Rencontre en 2013

Les trois musiciens ont pris tout leur temps puisque leur rencontre remonte à 2013. Ils étaient en première année au Centre des musiques Didier Lockwood, ouvert une décennie plus tôt à Evry-Courcouronnes (Essonne) par le violoniste – il est mort en 2018 à l’âge de 62 ans. Et, de leur propre aveu, ne comptèrent pas parmi les « bons élèves ». « On étudiait beaucoup le hard bop et la tradition du jazz, explique Leo Fumagalli, mais ce que l’on préférait, c’était rester après les cours pour expérimenter, en modifiant ensemble le son du sax et de la batterie. Par provocation, tu as envie de montrer que ce que l’on attend de toi n’est pas la seule solution. »

« On a appris à se connaître en même temps que l’on a appris à connaître la musique », complète Tiss Rodriguez. Le trio se rode ensuite dans des sessions d’improvisation au Baiser Salé, le club de la fameuse rue des Lombards, à Paris, puis réfléchit à un répertoire. « Le processus de création vient de l’improvisation, tout a été composé sur scène jusqu’à ce que le thème prenne », précise Lilian Mille. Un tremplin remporté à Frosinone, en Italie, permet de financer un mini-album. Qui n’est jamais sorti. Il a été baptisé « numéro zéro », comme ces exemplaires-tests précédant la première parution d’un journal.

En voilà qui sont exigeants avec eux-mêmes. « C’était acoustique et déjà daté, ne regrette pas Tiss Rodriguez. On voulait ajouter de la production, mais on ne savait pas faire. La seule chose que l’on avait étudiée, c’étaient nos instruments. On a dû apprendre à composer sur ordinateur et aussi à enregistrer. » Deux mini-albums numérotés ont fini par voir le jour, en 2020, comprenant déjà des titres qui figureraient quatre ans plus tard sur Portraits. Mais dans des versions entièrement réenregistrées.

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