Le gouvernement de Donald Trump a annoncé, mardi 22 avril, son intention de bannir les colorants artificiels actuellement autorisés aux Etats-Unis des denrées alimentaires. Soutenue par les experts sanitaires, la mesure fait aussi objet d’un rare consensus politique.
L’agence américaine de contrôle alimentaire et pharmaceutique (FDA) « supprime de facto tous les colorants alimentaires dérivés du pétrole aux Etats-Unis », a annoncé son nouveau chef, Marty Makary, lors d’une conférence de presse aux côtés du ministre de la santé, Robert Kennedy Jr. En tout, ce sont huit colorants synthétiques, tous dérivés du pétrole et accusés d’effets néfastes sur la santé, qui vont être progressivement interdits d’ici à la fin 2026, ont-ils précisé, disant compter sur la bonne volonté de l’industrie agroalimentaire.
« Au cours des cinquante dernières années, les enfants américains ont vécu de manière toujours plus importante dans une soupe toxique de produits chimiques artificiels », avait déclaré M. Makary un peu plus tôt, citant des études ayant lié ces additifs à l’hyperactivité, au diabète ou encore à des cas de cancer.
Un autre colorant interdit en janvier
Cette annonce d’envergure suit celle, mi-janvier, de la précédente administration démocrate d’interdire un autre colorant artificiel nommé « Red 3 » en Amérique du Nord et E127 en Europe dans les denrées alimentaires. Cet additif était connu depuis plus de trente ans pour provoquer des cancers chez les animaux.
Parmi les colorants concernés, le rouge « Red 40 » (connu sous le nom de E129 en Europe) et les jaunes « Yellow 5 » (E102) et « Yellow 6 » (E110) sont ceux les plus communément utilisés par l’industrie agroalimentaire, a expliqué à l’Agence France-Presse Peter Lurie, président de l’association de défense des consommateurs Center for Science in the Public Interest (CSPI), qui réclamait leur interdiction.
On les retrouvait jusqu’ici dans des milliers de produits alimentaires variés comme des bonbons, des céréales, des sauces et des boissons. Or, « aucun d’entre eux n’a de valeur nutritionnelle », explique M. Lurie. « Ils ne servent en réalité qu’à induire en erreur, à faire paraître les aliments plus rouges, plus bleus, plus fruités ou plus attrayants qu’ils ne le sont en réalité », et ce dans un objectif commercial.
Selon un communiqué du ministère de la santé, la FDA va d’abord révoquer l’autorisation de deux des huit colorants « dans les prochains mois », puis « travailler avec l’industrie afin d’éliminer » les six restants. En parallèle de ce travail, les autorités sanitaires vont « autoriser quatre nouveaux colorants naturels dans les semaines à venir » et accélérer les processus d’approbation d’autres, détaille le texte.
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« Nous allons nous débarrasser de tous les ingrédients et de tous les additifs alimentaires que nous pouvons légalement réglementer », a promis le ministre de la santé, Robert Kennedy Jr, sous les applaudissements de mères venues pour l’occasion avec leurs enfants.
Selon cet ancien avocat devenu la figure de proue d’un mouvement baptisé « Make America Healthy Again » (« MAHA ») qui vise à « Rendre à l’Amérique sa santé » – une formule calquée sur le célèbre slogan de Donald Trump – ce plan reposera en grande partie sur la bonne volonté de l’industrie agroalimentaire. « Je pense qu’ils sont prêts à changer », a assuré M. Kennedy, pour qui les colorants et additifs artificiels constituent une menace « existentielle » pour la santé des Américains.
Des usages restreints en Europe
Sa position sur le sujet est l’une des rares à ne pas être décriée par le milieu scientifique et médical, qui a dénoncé à de multiples reprises ces derniers mois ses propos mettant en cause la vaccination notamment.
Son annonce suit plusieurs mesures similaires prises localement et à l’étranger. En mars, l’Etat républicain de Virginie-Occidentale a ainsi interdit l’utilisation de sept colorants synthétiques dans les denrées alimentaires et médicaments vendus sur son territoire, emboîtant le pas à la Californie démocrate qui a annoncé en 2024 les enlever d’ici quelques années de la nourriture proposée dans les écoles scolaires.
En Europe, ces colorants ne sont pas totalement interdits, mais leur usage est souvent restreint ou conditionné à l’apposition d’étiquettes d’avertissement sur les produits en contenant – une mesure ayant conduit de nombreuses entreprises à opter pour des alternatives naturelles.