Les Etats-Unis ont expulsé, mardi 20 mai, une dizaine de migrants vers le Soudan du Sud, dont deux ressortissants vietnamien et birman, ont affirmé des avocats représentant certaines de ces personnes, accusant l’administration Trump d’avoir transgressé une décision de justice.
Dans des documents judiciaires déposés mardi, ces avocats déclarent que « N.M. », un ressortissant de Birmanie en détention auprès de la police américaine de l’immigration (ICE), a été prévenu lundi soir de son expulsion à venir vers le Soudan du Sud. Ce pays d’Afrique subsaharienne, qui compte parmi les plus pauvres de la planète, est en proie à des affrontements qui menacent de dégénérer en guerre civile, s’est inquiétée l’ONU en mars.
Les représentants de « N.M. » ont appris « d’un agent de détention par e-mail » mardi qu’il avait été « expulsé le matin même vers le Soudan du Sud ». D’autres avocats ont été formellement averti qu’un autre migrant, « T.T.P. », originaire du Vietnam, « semble avoir subi le même sort que “N.M.” ». Ils ont aussi reçu des informations selon lesquelles « il y avait probablement au moins dix autres plaignants à bord de l’avion vers le Soudan du Sud ».
L’administration Trump ne s’est pas conformé à une décision de justice
Les avocats dénoncent en outre le fait que, selon eux, le gouvernement américain « ne s’est pas conformé » à une décision de justice d’avril, en ne fournissant pas « l’opportunité de déposer une demande de protection sur la base de la Convention des Nations unies contre la torture ». Dans une affaire d’expulsion vers la Libye, un juge fédéral avait en effet ordonné en avril que toute expulsion vers un pays tiers soit précédée de la possibilité de demander une telle protection.
Ils demandent désormais au juge d’enjoindre à l’administration de « ne pas » expulser et, si nécessaire, d’ordonner le retour immédiat de « N.M. », « T.T.P. » et des autres plaignants dans la même situation. Sollicitée par l’Agence France-Presse, l’ICE n’avait pas répondu dans l’immédiat.
Début avril, l’administration Trump avait décidé d’interdire de visa aux Etats-Unis tous les ressortissants sud-soudanais, en le justifiant par le fait que, selon elle, cet Etat d’Afrique n’acceptait pas de reprendre ses citoyens visés par une mesure d’expulsion. Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue.
Le républicain a notamment invoqué une loi de 1798 pour justifier l’expulsion en février vers le Salvador de quelque 250 personnes, en grande majorité des Vénézuéliens accusés d’appartenir à un gang. Mais plusieurs tribunaux, ainsi que la Cour suprême, ont bloqué provisoirement son recours à cette loi.