Les Etats-Unis répondent aux attaques de missiles iraniens sur Israël, le 1er octobre, par de nouvelles sanctions. Celles adoptées vendredi 11 octobre visent les industries iraniennes de la pétrochimie et du pétrole, ainsi qu’une vingtaine de navires et plusieurs entreprises à l’étranger, accusés de faciliter le transport, les exportations ou la production dans ces secteurs. « Ces mesures contribueront à priver l’Iran des ressources financières utilisées pour soutenir ses programmes de missiles et les groupes terroristes qui menacent les Etats-Unis, leurs alliés et leurs partenaires », a justifié dans un communiqué Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale du président Joe Biden. Des sanctions aussitôt qualifiées d’« illégales » et « injustifiées » par Téhéran.
Cette annonce survient au moment où Israël étudie une riposte « mortelle, précise et surprenante » aux attaques du 1er octobre, selon les termes du ministre de la défense israélien, Yoav Gallant. Washington presse l’Etat hébreu de ne pas s’en prendre aux sites pétroliers ou nucléaires iraniens, par crainte d’une escalade ou des répercussions économiques mondiales – l’Iran étant encore, en 2023, le septième producteur de pétrole brut au monde, selon le classement de l’Energy Institute. D’après Bloomberg, qui cite des responsables proches du dossier, les autorités américaines ont proposé à la place d’imposer de nouvelles sanctions économiques.
Contrairement aux destructions de raffineries, les sanctions laissent passer le pétrole. C’est tout le paradoxe de ces mesures. Elles n’empêchent pas l’Iran d’écouler sa production vers le reste du monde, notamment via des flottes fantômes et de multiples sociétés écrans, mais elles compliquent leur tâche, accentuant la pression sur le régime de Téhéran. Avec le temps, elles perdent de leur efficacité car les pays visés apprennent à les contourner. Malgré l’embargo américain de 2018, l’Iran a ainsi progressivement repris ses exportations de pétrole, ce qui s’est traduit par une remontée de sa production de brut. Celle-ci est de nouveau à 3,4 millions de barils par jour au mois d’août, après avoir chuté jusqu’à 2 millions en 2020, d’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
La moitié de la production actuelle est exportée, principalement vers la Chine, premier importateur mondial d’« or noir ». « L’augmentation de la production pétrolière iranienne a bénéficié d’une approbation tacite de l’administration américaine, qui y voyait un moyen de freiner la hausse des prix du brut, ainsi que du soutien de la Chine, principal acheteur, qui a systématiquement ignoré les sanctions occidentales », résume l’Institut français du pétrole et des énergies nouvelles, dans une note publiée le 7 octobre.
Il vous reste 51.73% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.