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En permettant à chaque individu de toucher potentiellement un public mondial, en favorisant les échanges horizontaux et en autorisant les citoyens à interpeller les institutions, les réseaux sociaux pouvaient, sur le papier, être la plus belle promesse d’aboutissement de la démocratie grâce aux outils modernes. Ils laissaient espérer l’apparition d’une démocratie plus vivante et plus directe, abolissant les distances et l’obstacle du nombre qui différenciait jusqu’alors la cité antique, de taille modeste, des Etats-nations actuels.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Les Etats n’ont pas réussi à inventer l’agora du XXIe siècle. Plus grave, quelques plateformes massivement utilisées comme Instagram, Facebook, X et TikTok font peser une menace majeure et inédite sur les démocraties, menace qu’Elon Musk incarne désormais par son trolling [un terme désignant la publication massive de contenus négatifs dans le but de provoquer son interlocuteur] intensif et décomplexé visant les gouvernements de la « vieille Europe ».
Pourquoi ? Tout d’abord parce que c’est largement, et de plus en plus, sur les réseaux sociaux que « s’informent » désormais les citoyens − lire, par exemple, l’étude « Les Français et l’information », réalisée par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), du 14 mars 2024 −, et donc qu’ils fabriquent leur opinion, qui déterminera leur vote. Or, les algorithmes de recommandation qui « éditorialisent » les contenus auxquels le public accède ont des effets délétères. Ils sont le fruit d’une optimisation commerciale poussée à l’extrême avec pour seul pour objectif de rendre addictive la fréquentation et, par là, de maximiser la génération de revenus.
Les algorithmes de recommandation sont au cœur du modèle économique des réseaux sociaux et le fondement de leur succès. Ils favorisent l’émergence des contenus à forte viralité, donc les moins nuancés, les plus accrocheurs, les plus choquants. De plus, les algorithmes de recommandation polarisent l’opinion en radicalisant les positions. Ils confortent les opinions des internautes en les exposant non à l’altérité, mais aux tendances similaires aux leurs.
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