L’enquête annuelle auprès des directeurs d’achats d’entreprises françaises, publiée mardi 14 janvier, renvoie l’image d’un monde où les chaînes d’approvisionnement restent fragiles, la guerre des prix permanente et la tentation des cartels très forte. La seizième édition de tendances et priorités des départements achats pour 2025, réalisée par le cabinet AgileBuyer et le Conseil national des achats (CNA), a été réalisée auprès de 865 professionnels en novembre 2024. L’étude offre « un tableau contrasté et complexe des relations clients-fournisseurs » dans un contexte où « le nombre de faillites est au plus haut depuis quinze ans », note son auteur, Olivier Wajnsztok, directeur associé et fondateur d’AgileBuyer.
Le risque de défaillance, notamment financière, d’un fournisseur est « majeur » pour les deux tiers (65 %) des directions achats sondées, surtout dans l’industrie lourde, l’automobile et le BTP-immobilier marqué par l’effondrement des mises en chantier. L’aéronautique n’est pas épargnée : en 2024, environ 20 % de sous-traitants importants d’Airbus et de Safran étaient au bord de la défaillance, selon la Banque de France. Le double « sourcing » et les contrats à long terme deviennent la règle, tandis que les interrogations sur la fiabilité de la Chine ne se démentent pas.
La menace de cyberattaques vient au deuxième rang des préoccupations (42 %), alors qu’une écrasante majorité des sociétés interrogées a été victime d’une attaque de type rançongiciel en 2024.
Troisième source d’inquiétude : les cartels. On pouvait croire que le renforcement des autorités de contrôle et quelques lourdes amendes allaient réduire cette tentation chez les fournisseurs. « Le phénomène progresse encore, et 60 % des acheteurs pensent faire face à des situations d’ententes illicites », constate M. Wajnsztok, qui parle d’un « poison silencieux » difficile à détecter. Là encore, le BTP-immobilier et l’industrie lourde sont les premiers exposés, mais aussi le conseil et la formation. Etre face à un monopole est également fréquent, pensent les entreprises sondées, et 78 % jugent que cette situation se poursuivra en 2025.
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