Vingt milliards d’euros. C’est ce que l’incertitude politique devrait coûter à la France en 2025 et 2026, soit respectivement 0,4 point, puis 0,3 point de produit intérieur brut sur les deux années, selon les calculs de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), publiés mercredi 15 octobre. En 2025, la croissance devrait plafonner à 0,7 % seulement, comme en 2026, loin de son potentiel – c’est-à-dire le rythme maximal auquel l’économie pourrait croître sans générer d’inflation –, estimé à 1,4 %.
Depuis la dissolution de juin 2024, les ménages, d’autant plus inquiets que le marché de l’emploi se dégrade, freinent leurs dépenses et épargnent comme jamais depuis quarante-cinq ans (hors Covid-19), en espérant des jours meilleurs. Leur taux d’épargne s’est ainsi établi à 18,9 % au deuxième trimestre, selon l’Insee. Un attentisme qui pèse sur les entreprises, également prises dans le grand maelström de la guerre commerciale lancée par Donald Trump.
Face à la valse des gouvernements tricolores et des budgets retardés, beaucoup d’entre elles ont dû reporter, voire annuler des décisions structurantes. Toutes tentent de s’adapter tant bien que mal à ce contexte mouvant et incertain. « Nous avons besoin d’un cadre politique stable, d’un cap économique clair et de règles fiscales et réglementaires lisibles », insiste, en résumant un sentiment largement partagé par les chefs d’entreprise, Jean-Thomas Schmitt, président de l’Union des entreprises transport et logistique de France et PDG de Groupe Heppner, une entreprise de transport de 3 570 salariés.
Des emplois sous pression
Pour les entreprises confrontées à une baisse de la demande, l’emploi est l’une des principales variables d’ajustement. L’OFCE estime à 160 000 au total les destructions de postes sur 2025 et 2026, ce qui pourrait faire grimper le chômage de 7,5 % à 8,2 % en 2026. Confronté à une baisse de 30 % de son carnet de commandes depuis 2024, Philippe Savajols, le PDG d’Isospace, une entreprise d’aménagement de bureaux sise à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), qui compte une centaine de salariés, n’a pas eu le choix : il n’a « pas remplacé les départs naturels », soit cinq postes en moins depuis le 1er janvier.
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