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Propos sur Porto Rico : les républicains essaient de limiter la casse

Donald Trump avait vu les choses en grand, dimanche, lorsqu’il a rempli de casquettes rouges le Madison Square Garden de New York. Elon Musk, Robert Francis Kennedy Jr, le catcheur Hulk Hogan et l’ancien animateur ultraconservateur de Fox News Tucker Carlson ont fait le show, chauffant la salle avant l’arrivée du tribun.

Et puis… il y a eu le dérapage de Tony Hinchcliffe. L’humoriste texan, animateur du podcast « Kill Tony », généralement considéré comme raciste, s’est illustré en comparant Porto Rico – pourtant un territoire américain –, dont beaucoup de natifs résident à New York, à « une île flottante d’ordures au milieu de l’océan » et en déclarant que les Latinos avaient trop d’enfants

Ces propos ont été bien accueillis par les partisans de Donald Trump, rapporte CNN, qui souligne que l’ancien président a pris l’habitude de qualifier les Etats-Unis de « poubelle pour le monde » lorsqu’il s’en prend aux sans-papiers. Hier, comme le rappelle le quotidien USA Today, il a offert à ses partisans une variation sur son thème de prédilection, rappelant que, pour lui, les Etats-Unis « sont désormais un pays occupé », répétant son projet de lancer le « plus grand programme de déportation de l’histoire américaine ».

La séquence a rapidement été dénoncée sur les réseaux sociaux, notamment par l’équipe de campagne de la candidate démocrate, qui s’est rendue dans un restaurant portoricain de Philadelphie dimanche. Plusieurs stars portoricaines, comme Jennifez Lopez et ses 250 millions d’abonnés sur Instagram, le prince du reggaeton Bad Bunny (45 millions d’abonnés sur Instagram) et Ricky Martin (18 millions d’abonnés), ont apporté leur soutien à Kamala Harris en relayant des vidéos de la démocrate dans leurs stories sur Instagram. « Voilà ce qu’ils pensent de nous », a écrit Ricky Martin, en faisant référence au meeting de Donald Trump. Et d’ajouter à destination de ses fans : « Votez pour @kamalaharris. »

Pourtant, après le rassemblement, et face à la polémique qui risque de voir une partie de l’électorat latino se détourner de Donald Trump, l’équipe de campagne du candidat républicain a cherché à se distancier de Tony Hinchcliffe : « Cette blague ne reflète pas les opinions du président Trump ou de la campagne », a déclaré la porte-parole de sa campagne, Danielle Alvarez, dans une déclaration transmise aux médias. L’entourage de l’ancien président, cité par Politico, affirme que les remarques des intervenants n’ont pas été lues par l’équipe de campagne avant l’événement.

Tony Hinchcliffe a essayé de s’en tirer par une pirouette, sur le ton du « on ne peut plus rien dire ». Dans un message posté sur X, il a écrit à propos de démocrates qui veulent surfer sur cette boulette : « Ces gens n’ont aucun sens de l’humour. C’est fou qu’un candidat à la vice-présidence prenne le temps dans son “emploi du temps chargé” d’analyser une blague sortie de son contexte pour la faire passer pour raciste. J’adore Porto Rico et j’y passe mes vacances. Je me suis moqué de tout le monde… Regardez le spectacle en entier. Je suis un comédien, Tim [Walz]… Il serait peut-être temps de changer ton tampon. »

Les élus latinos du Grand Old Party réagissent

Quelques voix se sont élevées contre les dérapages d’hier au Madison Square Garden. Dans un message posté sur X, Maria Elvira Salazar, élue républicaine de New York à la Chambre, a commenté les propos de Tony Hinchcliffe et s’est dite « dégoûtée » par sa rhétorique « raciste » qui « ne reflète pas les valeurs du GOP [surnom du Parti républicain] ». Elle a ajouté que plus de 48 000 résidents de Porto Rico avaient servi pendant la guerre du Vietnam et plus de 345 ont reçu la Purple Heart (médaille militaire). « Ce courage mérite le respect, a écrit Maria Elvira Salazar. Renseignez-vous ! » Carlos Gimenez, représentant républicain de Floride, a écrit dans un message sur X : « Ce n’est pas une blague. C’est complètement dénué de classe et de mauvais goût. » Il a ajouté que Tony Hinchcliffe « n’[était] clairement pas drôle et ne reflét[ait] certainement pas [s]es valeurs ni celles du Parti républicain ».

Le sénateur de Floride Rick Scott a dénoncé la « blague » comme « pas drôle » et « fausse ». Anthony D’Esposito, un autre élu new-yorkais, a écrit sur X : « Je suis fier d’être Portoricain. Ma mère est née et a grandi à Porto Rico. C’est une île magnifique avec une culture riche et elle fait partie intégrante des Etats-Unis. La seule chose qui soit “nulle” était ce mauvais spectacle. » David Urban, stratège républicain et allié de Trump, a posté sur X : « Je comprends que son podcast “Kill Tony” soit extrêmement populaire, mais je ne l’ai pas trouvé drôle et il a malheureusement offensé beaucoup de nos amis de Porto Rico. »

Dans un communiqué, Angel M. Cintron, le président du Parti républicain de Porto Rico, a qualifié les propos de Tony Hinchcliffe de « piètre tentative d’humour (…). Que nous soyons républicains ou démocrates, nous sommes des citoyens américains et des Portoricains fiers, avec des racines profondes et des contributions inestimables à la démocratie américaine depuis plus de cent ans ».

Tout le monde semble pourtant avoir oublié qu’en septembre 2017, après le passage de l’ouragan Maria, Donald Trump, alors président, s’en était pris au « leadership » des autorités locales de Porto Rico et son administration avait été accusée de considérer les habitants de l’île comme des citoyens de seconde zone. Lorsqu’il s’était enfin rendu sur place, sa visite avait été ponctuée de maladresses, comme un lancer d’essuie-tout aux rescapés.

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