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Histoires Web samedi, juillet 12
Bulletin

Cette année, on va « faire attention », on se l’est dit dès le mois de mai, à l’époque où on croyait encore qu’on préparerait des sandwichs pour le train. On s’est peut-être menti en toute bonne foi : un étrange phénomène altère en effet la capacité à gérer son budget quand arrive juillet. C’est la saison où l’on achète un billet low cost pour s’apercevoir qu’il faudra payer un taxi hors de prix parce que l’avion part à 6 heures du matin. Les résultats du bac à peine connus, des gens de tous les âges se font les champions de raisonnements mathématiques hasardeux, des arguments du genre « les cocktails sont chers, mais regarde la vue qu’on a », « si on loue pour une semaine, on a la deuxième semaine à moitié prix » (et on vivra aussi à moitié prix)…

Un travers de la comptabilité estivale consiste à ne faire attention qu’aux gros postes (transport, logement…) mais pas aux petits. On a regardé le prix du billet, mais pas celui du supplément valise, le prix de la location du bungalow, mais pas celui du cours de méditation sous-marine. On a pris les billets Ouigo à l’avance, mais on en a modifié les dates en oubliant qu’ils n’étaient pas remboursables. Depuis que gares, aéroports et aires d’autoroute ont été transformés en centres commerciaux par l’industrie du travel retail (le « commerce lié au voyage »), l’impression de temps suspendu qu’on peut y éprouver est aussi devenue un moment de budget suspendu. Tiens, voilà le barista qui annonce un happy hour en voiture 14 ! Et, lorsque son voisin de train revient de la voiture-bar et déballe son croque-monsieur tel un cadeau de Noël, on mesure véritablement les dangers de la contagion dans le craquage budgétaire estival.

Du « c’est tellement toi cette robe » au marché, jusqu’au « après tout, c’est les vacances », l’été, on se tire tous vers le fond, tels d’anciens alcooliques décidant de replonger ensemble. On avait dit « une seule fois les locations de paddle », mais, si les copains des enfants y retournent, on ne va pas en priver les nôtres. La période des vacances a ceci de particulier que, au lieu de se caler sur le plus petit dénominateur commun, on tend à s’aligner sur le plus gros flambeur du groupe (en décidant d’arrêter de consulter ses comptes, une stratégie qui a déjà fait ses preuves, autant que celle qui consiste à arrêter de monter sur une balance après les fêtes). Et, comme chaque été, on a totalement surestimé sa capacité à « faire simple ». On s’était dit « on cuisinera sur place » et voilà qu’on mange au restau un soir sur deux. Sans parler des petits malins qui font leurs sandwichs du midi avec le pain et le jambon du buffet du petit déjeuner et estiment que ça compense le prix d’une nuitée…

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