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Histoires Web dimanche, juillet 7
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Vendredi 21 juin, les téléspectateurs ont pu découvrir les spots télévisuels de la campagne électorale officielle pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet. Depuis 1958, la télévision publique propose aux candidats, dans le cadre des campagnes pour les élections nationales, la production et la diffusion d’une allocution télévisée. L’occasion pour les partis de dérouler leur programme sans contradicteur. Les clips électoraux ont connu bien des versions, passant d’un plan fixe, en 1958, à des centaines de plans, dans le clip de campagne de François Mitterrand lors de l’élection présidentielle de 1988.

L’émergence du téléviseur coïncide avec les premières années de la Ve République. Dès la présidentielle de 1958, la Radiodiffusion-télévision française (RTF, qui deviendra l’ORTF), alors en situation de monopole, offre aux candidats un créneau de cinq minutes pour exprimer leurs idées. Les règles sont draconiennes et font peu cas de potentielles revendications esthétiques des candidats. L’allocution ne peut pas durer plus de cinq minutes, les candidats n’ont pas droit à un interlocuteur et le décor est imposé, tout comme les plans. En 1958, la campagne électorale officielle télévisuelle se limite donc à un plan fixe. Tout ce décorum est aussitôt moqué dans l’émission satirique « La Boîte à sel ».

Dans les années 1960, les candidats commencent à tirer parti d’un exercice très formel en apprenant à apprivoiser la caméra. Lors de l’élection présidentielle de 1965, de Gaulle et Mitterrand donnent l’impression d’un tête-à-tête avec les Français en haranguant le spectateur par une gestuelle bien plus affirmée et une syntaxe visuelle dynamisée par des changements de plan. Les règles s’assouplissent, les candidats peuvent inviter des interlocuteurs. En 1969, Gaston Defferre cherche à rassurer avec la figure respectée de Pierre Mendès France, tandis qu’Alain Krivine, candidat communiste révolutionnaire, joue la carte du pouvoir horizontal en conviant à ses côtés des représentants syndicaux, ce qu’il réitérera en 1974.

Edouard Molinaro et Jean-Jacques Beineix

La campagne électorale officielle gagne des couleurs en 1972, lors du référendum sur l’élargissement des Communautés européennes. Les candidats cherchent à innover dans une France où, désormais, 70 % des ménages possèdent un téléviseur. Les plus créatifs sont les « petits » candidats, dont la candidature sert plus à mettre en lumière certaines idées qu’à être élus. Pour la présidentielle de 1974, Arlette Laguiller déroule son programme à toute allure et en gros plan à la manière d’un ciné-tract. René Dumont boit devant le spectateur un verre d’eau pour le sensibiliser à la cause environnementale.

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