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Histoires Web mardi, novembre 26
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Sans recourir aux maniaques de la tronçonneuse et aux zombies en décomposition, les films français ont récemment trouvé d’autres moyens plus personnels pour faire peur au public. Palme d’or 2021, le body horror (qui expose des perturbations transgressives du corps humain) Titane, de Julia Ducournau, mettait en scène une tueuse en série… enceinte d’une Cadillac ; en 2023, la fable d’anticipation écologique Le Règne animal, de Thomas Cailley, répandait un virus à même de transformer l’homme en bestiole et, il y a tout juste un an, Vermines, de Sébastien Vanicek, déversait une énorme quantité d’araignées dans une cité en forme de camembert. Inspirés de Cronenberg, de De Palma ou de Tarantino, ces films hybrides ont tous largement dépassé le plafond de verre des 150 000 entrées.

Alors que la vague des « french frayeurs » des années 2000 – Haute tension (2003), A l’intérieur (2007), Frontière(s) (2008) – a rapidement tourné court, le frisson actuel semble en mesure de s’inscrire dans la durée. Il suffit de jeter un œil au calendrier des sorties pour se laisser convaincre : mercredi 27 novembre, le western fantastique Animale, d’Emma Benestan ; le 11 décembre, la comédie d’horreur almodovarienne Les Femmes au balcon, de Noémie Merlant ; et le 25, le film d’anticipation Planète B, d’Aude Léa Rapin. « De nos jours, les succès sont suffisamment nombreux pour compenser les échecs et avancer. Cartésienne par nature, la langue française ne joue plus comme un repoussoir auprès du public », estime le producteur Thierry Lounas (Capricci), également fondateur de la revue Sofilm.

Depuis près de dix ans, les résidences Sofilm de genre, en partenariat avec la région Grand-Est (qui a lancé le label Frissons en Grand Est), permettent aux candidats retenus de travailler l’univers visuel et musical de leurs projets avec des scénaristes, des compositeurs et des superviseurs VFX (« effets visuels »). Les dossiers les plus aboutis sont présentés à des financeurs qui comptent, à savoir Canal+ (qui avait déjà contribué à l’émergence des « french frayeurs »), Arte et le distributeur Goodfellas (ex-Wild Bunch International).

Double révolution

« Le cinéma d’horreur ne peut plus être le démon qui s’enfuit au fond du couloirIl doit parler des grands enjeux du monde, qui à lui seul est un film de genre tous les trois mois », note Thierry Lounas. Anciens résidents, Just Philippot (La Nuée, drame paysan étiré aux dimensions du conte macabre et fantastique ; Acide, film de catastrophe climatique) et Stéphan Castang (le survivaliste du télétravail Vincent doit mourir) ont ceci de très français qui consiste à saupoudrer la réalité socio-économique de fantastique.

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