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Tandis que la bruine bretonne fait grimacer les visages ce mercredi 25 septembre, Jean-Marie et Louison Levrard détaillent des plants de chanvre et de sarrasin exposés à Retiers (Ille-et-Vilaine). Le salon La terre est notre métier, le plus important du pays consacré aux professionnels de l’agriculture biologique, vient d’ouvrir. Alors l’éleveur de bovins de 57 ans et son fils de 24 ans déambulent en quête de nouvelles pratiques et technologies. Les Levrard aimeraient s’essayer à l’agroforesterie et à la fabrication de pains vendus en circuit court : « Il faut continuer de croire en l’agriculture biologique même si l’ambiance est morose. Actuellement, certains paysans vendent leur production bio moins cher qu’en conventionnel… »

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Autour d’eux, les exploitants répètent la même chose : « Ne pas baisser les bras », bien que l’agriculture biologique traverse une « crise » plus ou moins brutale selon les filières. La tension est forte ici, en Bretagne, où l’agriculture productiviste calibrée pour produire de la nourriture pour 22 millions de personnes a longtemps bridé l’avènement du bio. Désormais, presque 15 % des fermes sont certifiées.

« La décennie dernière, nous nous développions avec l’impression d’avancer dans le sens de l’histoire comme une évidence. Brutalement, nous sommes passés de 10 % de croissance annuelle à une baisse de cinq points », déplore Ludovic Massard, éleveur laitier dans le Morbihan et administrateur de Biolait, organisation professionnelle qui fédère 1 200 éleveurs. Faute de débouchés suffisants, les adhérents écoulent désormais 30 % de leur production dans le réseau conventionnel.

« Essoufflement » général

La situation est semblable pour les producteurs de porcs. Depuis deux ans, nombre de bêtes élevées sur paille, d’habitude commercialisées quatre euros du kilo, sont négociées deux fois moins cher au prix de cochons issus d’exploitations hors sol. Jérôme Jacob, agriculteur à Quimper et président du groupement Bretagne viande bio, confirme : « Nous avons aussi réduit notre production de 30 %, vu de jeunes éleveurs arrêter et nous avons refusé l’adhésion de nouveaux paysans pour ne pas mettre en péril notre organisation. » Un comble dans une région qui produit six cochons français sur dix et où les agriculteurs conventionnels, croulant sous la demande de viande, prospèrent ces derniers temps.

Sous une tente située au cœur de la foire, les résultats 2023 du secteur sont projetés pour la première fois. L’assistance, majoritairement bretonne, scrute les performances régionales, qui concordent avec « l’essoufflement » général constaté par l’Agence bio. En Bretagne, 240 agriculteurs bio se sont installés en 2023, majoritairement en maraîchage. Les nouveaux venus étaient presque deux fois plus nombreux en 2016. Les professionnels « convertis » ont disparu des données. Parmi les 178 professionnels qui n’ont pas renouvelé leur certification bio, 40 % poursuivent leur activité dans le modèle dominant, notamment des volaillers.

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