Décevant quart de finaliste de ses deux dernières compétitions, l’équipe de France féminine de football se reconstruit progressivement. A trois mois de l’Euro 2025, principal objectif de l’année, le climat est plutôt positif autour des Bleues, même si les incertitudes sur leur capacité à enfin ouvrir leur palmarès sont loin d’être levées.
Sélectionneur depuis août 2024, l’ancien adjoint d’Hervé Renard, Laurent Bonadei, semble prendre ses marques dans son nouveau rôle. Sous ses ordres, les Bleues viennent d’enchaîner quatre victoires en autant de matchs de Ligue des nations, après avoir perdu deux des quatre premiers matchs amicaux de cette nouvelle ère – en Suisse, le 29 octobre (1-2) et contre l’Espagne, le 3 décembre (2-4). Vainqueures en Norvège, mardi 8 avril (2-0), grâce à des buts de Sandy Baltimore et de Clara Matéo, les Françaises se qualifient pour le dernier carré de la compétition pour la deuxième fois d’affilée. Début 2024, les Tricolores s’étaient inclinées en finale de la Ligue des nations contre les championnes du monde espagnoles.
Pour Laurent Bonadei, avant de penser au championnat d’Europe début juillet, l’objectif était déjà de bien figurer dans la compétition continentale intercalée entre les « grandes » échéances du calendrier international (Coupe du monde et Euro). Ainsi, si elles ont battu, vendredi 4 avril, les Suissesses à Saint-Gall (2-0), cité helvète où elles disputeront leur deuxième match de l’Euro 2025, les Tricolores n’étaient pas en Suisse pour « faire du repérage », a insisté le sélectionneur. Mission d’ores et déjà accomplie pour ses troupes, assurées de disputer le Final four (entre fin octobre et début décembre), alors qu’il leur reste deux matchs de phase de groupes à disputer.
Mardi, pour leur deuxième match en quatre jours, les Bleues ont assuré l’essentiel à Oslo. Après une entame de match maîtrisée, les partenaires de Marie-Antoinette Katoto ont multiplié les occasions, à la suite de mouvements collectifs. L’attaquante tricolore, comme Sakina Karchaoui se procurant de belles occasions, mais sans concrétiser face à une Norvège coriace. Mais privée de ses meilleures joueuses (dont Ada Hegerberg et Caroline Graham-Hansen), l’équipe scandinave est loin de son glorieux passé de championne du monde (1995), championne olympique (2000) et double championne d’Europe (1987 et 1993).
Une marge de progression importante dans le jeu
Si les Bleues dominaient, la délivrance est intervenue dans le dernier quart d’heure. Une nouvelle fois par Sandy Baltimore – son septième but en équipe de France –, l’attaquante de Chelsea qui ne cesse de prendre de l’importance sous le maillot bleu. En fin de rencontre, la remplaçante Clara Matéo a conforté le succès français en doublant la mise de la tête (85e).

Déjà qualifiées pour le dernier carré de la Ligue des nations, les Bleues pourront gérer la réception de la Suisse (le 30 mai à Nancy) et le déplacement en Islande (le 3 juin), en les intégrant dans la préparation du tournoi continental, sans se soucier du résultat. Ces deux matchs face à la Suisse et la Norvège, adversaires accrocheuses et de bon niveau, leur ont permis de signer un intéressant galop d’essai. Mais à l’Euro début juillet, l’adversité sera encore d’un autre niveau, les Françaises étant notamment dans le groupe des Anglaises – championnes d’Europe en exercice – et des Néerlandaises, titrées en 2017.
Cette campagne de Ligue des nations a permis à Laurent Bonadei d’imposer sa marque. Il a réinstallé Pauline Peyraud-Magnin au poste de numéro 1 des gardiennes de but. Ecartée par Hervé Renard lors du quart de finale des Jeux olympiques face au Brésil, la Lyonnaise avait aussi été mise en concurrence avec Constance Picaud par son nouveau sélectionneur. Ce dernier – qui a récupéré deux joueuses exilées aux Etats-Unis, Delphine Cascarino et Kenza Dali – a également essayé différentes organisations tactiques, et privilégie désormais un système en 4-3-3, qui répond aux qualités et à la richesse de son secteur offensif.
Le Varois a également pu observer le comportement de ses troupes, privées de leur emblématique capitaine Wendie Renard, blessée en début de rassemblement. « Cette équipe doit apprendre à jouer sans Wendie, Eugénie [Le Sommer], Marie-Antoinette [Katoto] ou d’autres… », a-t-il déclaré en conférence de presse.
Dans le jeu, la marge de progression reste importante. Malgré la victoire face à la Suisse, Laurent Bonadei a ainsi regretté des « pertes de ballons », réclamant « plus d’applications techniques ». Contre la Norvège, l’entraîneur tricolore a été entendu et ses joueuses ont élevé leur niveau technique. Lors du prochain Euro en Suisse, les Bleues tenteront de réunir tous les ingrédients nécessaires à un premier succès international.