Les choses sérieuses commencent. Après un premier tour au « plutôt bon bilan » – le relevé de notes du sélectionneur, Frédéric Fauthoux – de quatre victoires pour une défaite, l’équipe de France masculine de basket change de décor, à l’Euro 2025. Les Bleus ont quitté Katowice et le sud de la Pologne pour disputer la phase finale en Lettonie, sur les rives de la Baltique. A Riga, le capitaine Guershon Yabusele et sa jeune escouade affrontent, dimanche 7 septembre (14 h 15) la Géorgie en huitièmes de finale.
Une sélection du Caucase pas forcément attendue à ce niveau avant l’Euro, mais ayant signé la première sensation de la compétition. Malgré six défaites en autant de rencontres de préparation, les coéquipiers du joueur NBA Sandro Mamukelashvili – coéquipier de Victor Wembanyama jusqu’à l’été 2025 – ont battu les champions d’Europe en titre espagnols (83-69) lors de leur premier match, à Chypre. Et là où la Roja a été éliminée dès la phase de groupes, les Georgiens disputeront la phase finale pour la troisième fois de leur histoire (après 2011 et 2015).
Si les Bleus, doubles médaillés d’argent olympiques (2021 et 2024) et finalistes du dernier Euro, ont la faveur des pronostics, pas question pour le sélectionneur Frédéric Fauthoux de se départir de « l’état d’esprit d’outsiders » qu’il cultive depuis son arrivée à la tête de l’équipe. Successeur de Vincent Collet après quinze ans de mandat du technicien normand – agrémentés du plus beau palmarès du basket français –, le Landais a fait siennes les paroles de Ray Charles : il n’a que la Géorgie à l’esprit. « Aujourd’hui, on ne parle que de la Géorgie, on ne peut pas se permettre de regarder plus loin, ne serait-ce que par rapport à ce qu’on a vécu à Katowice », a insisté l’entraîneur français, samedi en conférence de presse – cité par BeBasket. Référence à la défaite surprise de ses troupes face à Israël (69-82), une semaine avant le huitième de finale.
Avec le recul, l’ancien « Petitou » de l’Elan béarnais voit dans cette déconvenue – finalement sans conséquences, les Bleus ayant fini premiers de leur groupe – « un mal pour un bien », une manière de redescendre sur terre après une préparation sans défaites. « Même si on préférerait tout gagner, c’est toujours bon de subir une défaite. Cela remet les idées en place et fait descendre du nuage », a soufflé Frédéric Fauthoux. Aux Bleus de s’en souvenir, dimanche, alors qu’ils sont entrés dans la phase de la compétition où une défaite vous renvoie à la maison.
« La Géorgie va proposer quelque chose de différent »
D’autant que comme Israël, la Géorgie n’est pas un adversaire que la France a l’habitude de fréquenter. Les deux équipes ne se sont jamais affrontées en match officiel, et leur dernière rencontre, en préparation estivale, remonte à dix ans. « C’est une équipe qu’on connaît un peu moins, mais qui a beaucoup de talent », a confirmé Frédéric Fauthoux jeudi soir – en apprenant le futur adversaire des Bleus. Et de la taille, là où les Français doivent faire face à une sacrée pénurie d’intérieurs : aux forfaits de Victor Wembanyama et Rudy Gobert avant l’été s’est notamment ajouté celui d’Alexandre Sarr, blessé en cours de compétition.
« On sait qu’ils ont de gros joueurs, surtout à l’intérieur. Pour nous, ce sera un bon test, parce qu’on est diminués à ce poste avec les forfaits, alors que c’est leur force », a commenté l’arrière tricolore Isaïa Cordinier dans BeBasket. Décrivant une équipe « jouant très dur, avec beaucoup de fierté » dont il connaît très bien le capitaine, Tornike Shengelia, 33 ans et son partenaire à la Virtus Bologne pendant quatre ans, le joueur anticipe « une vraie opposition de style, et on va essayer d’imposer le nôtre. »
Des mots que reprend son sélectionneur, qui observe « deux équipes qui jouent complètement différemment au basket. » Là où ses Bleus construisent leurs victoires sur une défense intense et un jeu de transition – fait de courses une fois la balle récupérée –, « la Géorgie va proposer quelque chose de différent, avec une équipe plutôt expérimentée, qui joue beaucoup sur du demi-terrain », anticipe Frédéric Fauthoux, cité par BasketEurope.
Dans une compétition ultra-relevée, les Français on vu leur potentiel tableau s’ouvrir, samedi, à la faveur de la victoire surprise de la Finlande face à la Serbie du virtuose Nikola Jokic, par trois fois sacré MVP (« most valuable player », meilleur joueur) de la NBA (92-86). En cas de qualification, les Bleus affronteront les partenaires de Lauri Markkanen en quarts de finale. Mais les Bleus sont loin d’y songer pour l’heure. Dimanche, à Riga, ils voudront correspondre à l’éloge qu’a fait d’eux le maestro slovène Luka Doncic, samedi 30 août après la courte défaite des siens face aux Bleus : « La France n’est vraiment pas un adversaire facile, c’est une grande équipe ». A eux de le montrer face aux monts du Caucase.