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Le buffet est installé sur la terrasse de l’Elysée. Ce dimanche 30 juin, la soirée est fraîche pour un été naissant. Un frisson parcourt la quinzaine de convives, tous des hommes, réunis autour d’Emmanuel Macron pour suivre les résultats du premier tour des élections législatives. La vague populiste qui a submergé le pays lors des européennes s’est transformée en tsunami. L’extrême droite a séduit plus de 10 millions d’électeurs. « Ce n’est pas un vote de colère, c’est un vote d’adhésion », analyse le chef de l’Etat. Le « peuple », à qui il voulait redonner la parole, amplifie le message envoyé le 9 juin. Voilà plusieurs jours déjà que le président de la République sait qu’il lui sera impossible de rafler une majorité solide, comme il l’imaginait.

Cette dissolution qu’il présentait, le 24 juin, au micro du podcast « Génération Do It Yourself » comme un geste de « confiance » envers les Français, fustigeant « le système qui pense que les gens sont idiots », vire au naufrage du camp présidentiel. Le Rassemblement national (RN) peut remporter la majorité absolue. « Il faut se préparer », prévient le sénateur de Côte-d’Or, François Patriat, assis autour de la table. Le chef de l’Etat laisse entendre qu’il pourra « gérer ».

A 20 h 01, le bref communiqué de l’Elysée est diffusé auprès des rédactions. « L’heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour », énonce le président, laissant planer une ambiguïté sur le soutien apporté au Nouveau Front populaire (NFP) pour battre le RN. Ira-t-il jusqu’à appeler à voter pour des candidats « insoumis » afin de faire barrage à l’extrême droite ? Mystère.

« Ça dégaze trop à Matignon »

Le jambon, les fromages et le vin rouge disparaissent peu à peu. Les résultats circonscription par circonscription s’égrainent au fil d’une nuit qui s’étire. Brigitte Macron passe une tête. « Celui-là, je l’aime bien », commente la première dame au nom d’un candidat, compatissant à l’annonce de l’échec d’un autre. Il est minuit tout juste quand, oubliant le pays sous le choc, on sort le champagne. C’est l’anniversaire de Richard Ferrand, 62 ans. François Patriat dépose un baiser sur le crâne de l’ancien président de l’Assemblée nationale. On rit. Ce dernier, froissé du sort réservé à son ami Gilles Le Gendre, que le parti macroniste a refusé d’investir à Paris, se déride. Le Breton pardonne même cette folle dissolution à Emmanuel Macron. Comme d’autres, il s’est fait une raison.

Depuis la rive gauche de la Seine, on refuse de baisser les armes. Gabriel Attal, aidé de ses communicants, tâche depuis le 9 juin de se sculpter une stature de valeureux combattant de l’extrême droite. Le chef de gouvernement, ancien socialiste, refuse l’idée d’une passation de pouvoir avec le leader lepéniste Jordan Bardella, qui entacherait son destin politique. Après avoir bataillé contre « les extrêmes », plaçant sur le même plan le RN et LFI, le trentenaire fait valoir que l’alliance de gauche n’a plus aucune chance de décrocher la majorité. La menace existentielle pesant sur la République se concentre désormais sur le parti fondé par Jean-Marie Le Pen. Peu avant 22 heures, le premier ministre porte le fer contre son ennemi numéro un. « Notre objectif est clair : empêcher le RN d’avoir une majorité absolue au second tour », tonne Gabriel Attal depuis le perron de Matignon, appelant tous les candidats de son camp arrivés en troisième position à se désister pour déjouer la victoire de l’extrême droite.

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