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Histoires Web vendredi, juillet 5
Bulletin

« Je suis triste et je pense beaucoup à mon père, qui est mort quand j’avais 25 ans. Je me dis qu’il se retournerait dans sa tombe – même si ses cendres reposent dans l’océan… –, parce qu’il a toujours pensé que les idées d’extrême droite sont nocives pour l’humanité. Ça me donne envie de me baigner dans la baie de Lancieux, dans les Côtes-d’Armor, pour avoir la sensation d’être auprès de lui. Ce serait peut-être une consolation, même si je ne suis pas très optimiste. Je suis effrayé, même. L’idée du “grand remplacement”, véhiculée par le Rassemblement national et par bien d’autres partis dans le monde, est pour moi la résurgence de ce qui s’est passé pendant la seconde guerre mondiale. Après la Shoah, il y a eu cette formule : “Plus jamais ça.” Mais, une fois qu’un concept, si ignoble soit-il, existe, il peut se répéter.

C’est devenu une obsession. Je regarde les fils d’actualité, je m’endors à 2 ou 3 heures du matin. La journée, je suis fatigué. Mon angoisse politique s’ajoute à ma charge de travail, aux tensions familiales avec un ado un peu difficile. Je poste beaucoup sur Facebook, en me disant que ça peut toucher une ou deux personnes. Je discute aussi avec mes proches, mais je n’ai pas grand monde à convaincre : on pense à peu près tous pareil, on vote Nouveau Front populaire. Il n’y a que le fils de la meilleure amie de ma mère qui vote ostensiblement RN, en Bretagne, depuis longtemps. Il n’a pas de problème d’argent, mais il n’est pas très heureux. Il y a une amertume chez lui que je n’ai jamais réussi à combattre. Le dialogue est dur, on sait l’un et l’autre qu’on ne se convaincra pas, mais je ne peux pas m’empêcher de lui dire qu’il déconne.

En fait, il faudrait prendre son petit sac de pèlerin et faire un tour de France pour discuter humainement avec tous ceux qui croient que leurs problèmes viennent des immigrés. Hier, on plaisantait avec ma compagne en se disant que les électeurs du RN issus de territoires où l’immigration est très faible devraient faire un stage de deux mois à Paris, pour voir que ce n’est pas l’enfer de vivre ensemble !

« La défaite est déjà là »

Je sais qu’il ne faut pas baisser les bras, mais la défaite est déjà là. En 2002, quand Jean-Marie Le Pen s’est retrouvé au second tour de l’élection présidentielle, il y a eu un raz de marée fraternel pour s’unir contre lui. Le 15 juin, lorsque je suis allé à la première manifestation après le résultat des européennes, il y avait moins de monde dans les rues. J’ai le sentiment que beaucoup pourraient s’accommoder de l’extrême droite au pouvoir.

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