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Fin d’après-midi, dimanche 9 juin. Pascal Praud, qui le matin même « pariait » dans le JDD qu’il ne se passerait rien après la victoire du Rassemblement national aux élections européennes, apprend qu’Emmanuel Macron annoncera, dans la soirée, la dissolution de l’Assemblée nationale. Il a eu droit à une courte conversation avec le conseiller élyséen Bruno Roger-Petit, à peine sibyllin, puis avec l’ancien sarkozyste Pierre Charon. Et c’est ainsi que, vers 18 heures, avant même le premier ministre, Gabriel Attal, et la quasi-totalité des membres du gouvernement, le présentateur vedette de la chaîne d’opinion réactionnaire CNews devine que « la dissolution est actée ». « Je ne l’ai pas dit, je ne l’ai pas tweeté », se vante-t-il le lendemain à l’antenne.

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Aussitôt, le groupe de Vincent Bolloré met l’ensemble de ses médias au service d’une alliance entre le Rassemblement national (RN) et Les Républicains (LR). De CNews au JDD, de Paris Match à Europe 1, il joue depuis une semaine de ses synergies et des chambres d’écho de ses chaînes de télé, radio et journaux pour imposer thèmes et tempo de la campagne législative qui s’ouvre. Le 10 juin, a révélé Le Monde, le magnat des médias a reçu la visite du patron des LR, chez lui, boulevard de Montmorency, pour orchestrer son ralliement au RN. Vincent Bolloré et Eric Ciotti déjeunent souvent ensemble – encore il y a peu. Mais l’industriel breton s’est imposé comme une figure semblable, aux Etats-Unis, au patron de Fox News, Roger Ailes, qui en 2016 avait porté sur scène la candidature de Donald Trump et le conseillait pour ses débats télévisés. Pour rallier le parti d’extrême droite, Eric Ciotti est venu chercher sa bénédiction plutôt que celle de Nicolas Sarkozy, qui n’a même pas été prévenu.

La campagne ainsi lancée, Laurence Ferrari (qui coiffera en septembre le nouvel hebdomadaire JDNews) se désole sur CNews du « psychodrame » créé dans l’état-major LR par l’annonce de cette alliance, alors que le RN a récolté 31,4 % des voix dimanche. Toujours sur CNews, Pascal Praud ouvre, lui, son « Heure des pros » par ces mots : « Eric Ciotti a écouté ses militants, ça arrive parfois pour un chef politique. » Refuser le pacte avec le RN, comme l’ont fait « les chefs à plume » de LR, c’est confirmer, selon lui, que la « pauvre droite française reste la plus bête du monde, déconnectée du terrain, sans courage, sans avenir, qui décidément ne comprend rien à rien, et surtout pas ses électeurs ». Au passage, il tente de donner un nom de baptême à ce mariage : « Le programme commun de la droite », en miroir du Nouveau Front populaire de la gauche.

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