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Histoires Web mercredi, janvier 22
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Arrêter le fact-checking [au sens d’une vérification par des journalistes tiers d’une information déjà publiée] par temps de désinformation massive, c’est un peu comme démanteler la caserne de pompiers de Los Angeles par temps de grand feu : rien ne dit que la caserne aurait suffi à contenir l’incendie, mais c’est à coup sûr se priver d’un outil de riposte précieux et éprouvé.

C’est pourtant la décision qu’a prise Meta, aux Etats-Unis d’abord, comme prélude possible d’un arrêt partout dans le monde. Premier réseau de fact-checking au monde, constitué en grande part grâce au soutien financier de Meta, avec 150 journalistes qui s’y consacrent à plein temps dans une trentaine de pays en 26 langues, l’Agence France-Presse (AFP) est concernée au premier chef par cette volte-face.

Si la décision a surpris, elle ne vient pas de nulle part : voilà bien deux ans maintenant que l’effort des plateformes numériques en matière de lutte contre la désinformation a été revu à la baisse. Démantèlement des équipes « confiance et sécurité », réhabilitation de comptes auparavant censurés, relâchement général des règles…, tout indiquait que les plateformes sentaient moins la pression s’exercer sur elles.

Biais et manipulations

Etait-il vraiment nécessaire, en débranchant l’activité, de la dénigrer comme une activité politiquement biaisée et cause de la perte de confiance dans les médias, après en avoir vanté des années durant l’efficacité dans toutes les communications maison ? Parler à propos des organisations de fact-checking de « cartel de la censure » est mensonger, puisque les plateformes sont seules libres de décider de ce qu’elles font des fact-checks, sans compter qu’il ne s’agit là que de restrictions à la liberté d’amplification du faux.

Lire le récit | Les Décodeurs ont 10 ans : l’abécédaire d’une décennie de fact-checking, data et enquête

Vanter à la place les « notes de la communauté », qui sont le produit d’un vote populaire et non d’un travail professionnel indépendant, est inutilement vexatoire et participe du travail de sape en cours contre le journalisme des faits : les notes de volontaires peuvent être un complément utile, mais elles sont lacunaires et particulièrement sujettes aux biais et manipulations.

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