Sous le couvert de la simplification, le gouvernement a ouvert la boîte de Pandore : nous assistons à un exercice de liquidation en règle de nos protections écologiques et sociales. Cette liquidation n’a rien de nouveau : en quinze ans, pas moins de 10 lois se sont soldées par de nombreux reculs écologiques et sociaux.
Le projet de loi dit « de simplification de la vie économique » constitue une étape totalement décomplexée dans ce backlash (retour de bâton) écologique. C’est un retour en arrière méthodique qui détricote les nécessaires, mais insuffisants acquis de la loi Climat et résilience (2021), affaiblit le code de l’environnement, invalide quarante ans de politiques écologiques et piétine les institutions garantes de la transition.
Ce texte supprime ou fragilise les piliers de la démocratie environnementale que sont l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), l’Office français de la biodiversité (OFB) ou la Commission nationale du débat public (CNDP). Il généralise des dérogations au nom de l’industrialisation rapide : data centers, infrastructures énergétiques ou minières pourront désormais s’implanter au mépris de la sobriété foncière, de la biodiversité ou de la loi Littoral.
« Frexit écologique »
C’est un signal clair : la priorité n’est plus à la protection du vivant, mais à l’obsession de la compétitivité, dictée par des lobbys bien en place. Dans cette vision dévoyée, tout projet devient d’« intérêt public majeur » dès lors qu’il promet de la croissance – au contraire d’un hôpital ou d’un service public de proximité, qu’on laisse mourir en silence. Dès lors, la santé humaine comme celle des écosystèmes perd donc les arbitrages devant ces impérieuses nécessités de croissance.
Cette offensive, orchestrée par la droite et l’extrême droite, avec la passivité, voire la complicité de feu le bloc central, s’inscrit dans une stratégie globale. Après le greenwashing, voici venu le temps du « greenblaming » : l’écologie serait devenue l’ennemie du pouvoir d’achat, l’obstacle aux libertés, la source de la crise agricole.
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