Un choc pour certains, une surprise pour d’autres. Tim Berners-Lee, l’inventeur du World Wide Web, a annoncé la fermeture de sa fondation après quinze ans d’existence. Cette organisation avait pour but de promouvoir un Web ouvert, accessible à tous, exempt de contrôles et de restrictions.
A sa naissance, le Web incarnait cette promesse : un espace sans frontières, neutre, où l’information circulait librement. Quand on regarde le Web marchand tel qu’il est aujourd’hui, cette vision semble bien lointaine.
Rappelons-nous les débuts du Web : Tim Berners-Lee, dans un coin de son laboratoire au Conseil européen pour la recherche nucléaire, rêvait d’un monde où chacun pourrait créer et partager librement. C’était ça, l’essence de l’Internet : un réseau ouvert, fondé sur des standards accessibles à tous, loin des logiques commerciales.
Un réseau de plus en plus fermé
Le Web s’est démocratisé à une vitesse folle, mais, au fil du temps, quelque chose a changé. « Le Web ne doit pas être un outil de contrôle, mais un espace libre », avertissait Berners-Lee. Pourtant, les Etats, les grandes plateformes et les géants du numérique, chacun à sa manière, ont progressivement transformé cet espace en un réseau de plus en plus fermé.
Aujourd’hui, on parle de « Splinternet », un Web fragmenté physiquement et juridiquement, avec des blocs distincts. Les Etats-Unis, la Chine, la Russie et l’Europe ont développé leur propre version de l’Internet, avec leurs propres règles, infrastructures et, surtout, intérêts. Cette séparation n’est pas seulement géopolitique ; elle est aussi commerciale. Les standards privés se multiplient, restreignant l’accès et générant des profits sur ce qui devrait demeurer un bien commun.
Qu’est-il advenu de l’utopie d’un réseau mondial, ouvert à tous ? Nous voilà contraints de naviguer entre des services centralisés et des écosystèmes fermés, tandis que le Web de Tim Berners-Lee s’efface sous le poids des intérêts commerciaux et politiques croissants.
Heureusement, il reste des résistances. Wikipédia incarne toujours ce que le Web devait être : un espace de partage du savoir, accessible à tous, sans publicité. Mais combien d’autres exemples pouvons-nous citer ? Trop peu. Le Web non marchand est en train de disparaître.
Résister à la marchandisation
C’est ce qui motive certains mouvements à protéger cet Internet libre. L’Open Internet Project, par exemple, s’efforce de « promouvoir une concurrence saine dans l’écosystème numérique européen » et de « garantir la neutralité de l’Internet ».
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