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« L’avenir est dans le ciel. » Jamais, peut-être, une injonction de Mustafa Kemal Atatürk, le père fondateur de la Turquie moderne, n’a été autant prise au pied de la lettre par l’actuel président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan. De quoi même donner le tournis. Les résultats de la compagnie nationale Turkish Airlines (THY) ont atteint des sommets inédits, le gigantesque aéroport d’Istanbul, inauguré en octobre 2018, est devenu, en cinq ans, le plus actif d’Europe et le pays tout entier se donne des allures de nouveau hub de la mondialisation, malgré une crise économique et financière vertigineuse.

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Qu’on en juge : la compagnie turque a présenté, en avril, des résultats à faire pâlir de jalousie la concurrence. Le bénéfice net de Turkish Airlines s’est ainsi élevé à 5,52 milliards d’euros, alors que IAG, la maison mère de British Airways, la plus rentable des compagnies régulières européennes, a engrangé 2,43 milliards d’euros. Son chiffre d’affaires a atteint 20,94 milliards d’euros, avec une marge nette de 28,8 %.

De surcroît, le joyau de l’économie turque est devenu la première compagnie en nombre de vols, devant Lufthansa. Certes, une ristourne fiscale de près de 3 milliards d’euros a été gracieusement consentie par Ankara, mais les résultats sont là. Ses actions cotées à Istanbul ont augmenté de 16 % en 2023 en devises, en avance sur l’ensemble du marché boursier.

Le soutien indéfectible du pouvoir en place

Mieux, la compagnie aérienne turque a non seulement confirmé l’achat de 220 avions à Airbus en décembre, avec des options pour davantage d’appareils, mais elle vient également d’annoncer, par la voix de son président, Ahmet Bolat, mardi 4 juin, à Dubaï, qu’elle était en pourparlers avec Boeing pour l’acquisition potentielle d’environ 250 avions de ligne. Turkish Airlines serait en discussions avancées sur les prix, les conditions commerciales et le coût des moteurs pour 150 à 175 Boeing 737 MAX. Le reste de la commande, a précisé le dirigeant, concerne le modèle long-courrier 787 Dreamliner.

En d’autres termes, Turkish Airlines, créée en 1933 et longtemps considérée comme une compagnie de second rang, s’est bel et bien muée en acteur incontournable du secteur aérien mondial, s’imposant comme le concurrent majeur des principaux transporteurs d’Europe et du Golfe. Un résultat qui est venu concrétiser une stratégie de développement efficace, effectuée à marche forcée et soutenue de manière indéfectible par le pouvoir en place.

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De fait, M. Erdogan et sa formation politique, le Parti de la justice et du développement (AKP), ont envisagé le transport aérien comme outil stratégique dès leur arrivée au pouvoir, il y a vingt-deux ans, souligne Julien Lebel, géopoliticien et chercheur à l’Institut français des relations internationales, afin de mener à bien un double objectif de développement de l’économie nationale et d’influence sur la scène internationale.

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