Ouverture de saison périlleuse mais réussie pour le Grand Théâtre de Genève, qui poursuit sa quête wagnérienne avec Tannhäuser. La production a en effet bien failli capoter il y a deux mois, lorsque la metteuse en scène allemande Tatjana Gürbaca – familière des lieux pour y avoir monté deux opéras de Janacek, Jenufa, en 2022, et Katia Kabanova, en 2023 – a déclaré forfait pour raisons de santé. Le choix s’est alors porté sur son compatriote Michael Thalheimer. Outre que l’ancien directeur du Deutsches Theatre Berlin est déjà l’auteur, dans les mêmes murs, des précédents Parsifal (2023) et Tristan et Isolde (2024), il partage avec sa compatriote une collaboration avec l’équipe choisie, le décorateur Henrik Ahr, l’éclairagiste Stefan Bollinger et la costumière Barbara Drosihn.
A-t-il été contraint par des décors et des costumes déjà sortis des ateliers de fabrication de la scène genevoise ? Michael Thalheimer propose un travail soigné, épuré, sans grande inspiration, mais ponctué d’images puissantes. Comme cette silhouette athlétique d’un Tannhäuser demi-nu, prisonnier d’une douche lumineuse de mirador, en proie à un impuissant tourment. Derrière lui, une pesante machinerie circulaire formée de deux larges rouleaux de métal verticaux, à l’instar de réacteurs dans un laboratoire de recherche spatiale, d’où tombera, tête en bas, un ange déchu aux ailes noires. Tout au long de l’ouverture symphonique, passeront un double aux yeux ensanglantés, puis des hommes à tête de cerf, loup, aigle, bouc, lapin, les chasseurs et trouvères de la Wartburg, que le héros a quittée pour se livrer aux charnelles agapes de ce lieu de perdition qu’est le Venusberg.
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