Le studio de développement de jeux vidéo Build A Rocket Boy a annoncé, mardi 23 juin, qu’il allait procéder à des licenciements. L’entreprise basée à Edimbourg, en Ecosse, justifie cette décision par « quelques changements en interne », dans un communiqué envoyé au site spécialisé américain IGN, sans pour autant officialiser le nombre de personnes concernées parmi ses 500 employés ni de date.
Cette déclaration fait suite au lancement raté de son premier jeu MindsEye, disponible depuis le 10 juin sur PC, PlayStation et Xbox, sur lequel le studio admet « avoir beaucoup à faire pour faire grossir sa communauté [de joueurs] pour les années à venir ». Depuis sa sortie, ce thriller d’action futuriste a en effet accumulé les critiques négatives. « MindsEye est plombé par une histoire ridicule, une écriture incohérente, des scénarios de mission mal conçus et des combats tout à fait atroces », peut-on par exemple lire dans la critique publiée sur le site britannique spécialisé Eurogamer. Sans surprise, le jeu est actuellement le moins bien noté de l’année sur l’agrégateur Metacritic, avec un score abyssal de 38/100.
Même son de cloche sur Steam, la principale plateforme de vente de jeux dématérialisés, où 67 % des avis de joueurs sont négatifs. « Les graphismes sont horribles, il y a des bugs d’affichage dans tous les sens », s’indigne un internaute. « Un flop total », résume un autre qui, après plus de vingt heures de jeu, énumère de nombreux défauts, dont le manque de contenu et d’une fin satisfaisante. Face à cette débâcle, le magasin en ligne de PlayStation s’est même résolu à rembourser les mécontents qui avaient acheté le jeu.
Un fondateur iconique
La déception est à la hauteur des attentes placées dans le studio fondé par Leslie Benzies, une figure du secteur vidéoludique. Ex-président de Rockstar North, la filiale de Rockstar Games en charge des jeux Grand Theft Auto (GTA) depuis leur passage en 3D, avec GTA III, l’Ecossais a notamment été pendant douze ans le producteur attitré de cette série à succès, qui cumule aujourd’hui 450 millions de ventes.
Fort de cette aura, Leslie Benzies a su attirer de généreux investissements pour développer Build A Rocket Boy : d’abord avec une première levée de fonds en 2020, à hauteur de 32 millions de livres (37,5 millions d’euros), puis avec une deuxième en 2024, pour 110 millions de dollars (95 millions d’euros).

M. Benzies promet alors non seulement la mise en chantier de grosses productions à la mise en scène cinématographique mais aussi leur intégration à un ambitieux écosystème vidéoludique baptisé « Everywhere ». Cette plateforme est vantée comme une sorte d’équivalent de Roblox pour les adultes, où les utilisateurs pourraient créer leurs propres univers virtuels en fonction de leurs envies. Mais elle n’a jamais eu de sortie officielle.
Une poignée de joueurs
Durant les semaines qui précèdent sa sortie, MindsEye bénéficie d’une intense campagne promotionnelle, Leslie Benzies s’assurant de sa mise en avant lors du Summer Game Fest, une conférence très suivie.
L’ambiance semble toutefois beaucoup plus morose à l’intérieur de l’entreprise : au début du mois de juin, une semaine avant la sortie du jeu, les directeurs juridique et financier de l’entreprise claquent la porte ; au même moment, alors que des doutes commencent à être émis sur la qualité réelle de MindsEye, le codirecteur du studio, Mark Gerhard, assure lors d’une session de questions-réponses sur Discord être convaincu qu’un autre studio paye des internautes pour dire du mal de son jeu, rapporte le site IGN.
A sa sortie, les avis sont calamiteux. Sur Steam, MindsEye n’a jamais réussi à réunir plus de 3 000 joueurs en simultanée, ce qui est très bas, malgré son statut théorique de AAA (terme qui désigne les productions les plus chères du marché). Et le titre peine toujours à attirer les joueurs : entre le 23 et le 24 juin, ils étaient entre 50 et 100 en simultanée, selon le site steamdb.com, qui comptabilise l’audience de la plateforme. Build A Rocket Boy n’entend pas baisser les bras pour autant : « Les défis auxquels nous avons été confrontés n’ont fait que renforcer notre détermination », précise le communiqué officialisant le plan de licenciement.