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Histoires Web mercredi, mai 14
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Un long et étroit plateau de bois crucifie de part en part la nef de la cathédrale Saint-Pierre de Genève, en Suisse, où se déroule le rituel imaginé par Romeo Castellucci sur le Stabat Mater, de Pergolèse, reliant symboliquement le chœur, où se rassembleront les musiciens, à l’orgue art nouveau qui restera muet. Baigné dans les dernières lueurs vespérales des vitraux, le public s’est massé, lundi 12 mai, le long des piliers et chapiteaux qui traversent l’édifice religieux, affilié depuis 1535 au culte réformé où s’oralisaient les prêches de Calvin. Dans le programme, un avertissement précise que ce qui sera montré en termes d’images ou de scénographie n’implique en rien l’Eglise protestante de Genève.

Des soldats en tenue de combat sont apparus à cour, lunettes noires, paquetage sur le dos et visages cagoulés. Ils portent, en guise d’armes, des instruments eux aussi en version camouflage, cordes, bois et percussions recouverts de ce vert sourd et métallique qui dissimule la guerre au creux de la nature. Plus tard, viendront les radars militaires cependant que trois immenses piques érigées vers le ciel (sorte d’antennes de communication radio) sont fichées au sol comme autant de lances au flanc du Christ. En matière de prologue préparatoire à cette évocation de la Vierge de douleur ployée devant son fils en croix, porté par le texte du poète et mystique franciscain Jacopone da Todi, les Quattro pezzi per orchestra (ciascuno su una nota) écrits en 1959 par Giacinto Scelsi (1905-1988).

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