La chaîne de magasins Casa sous la protection de la justice belge, le français Gifi, en difficulté, mis en vente par son fondateur… Entre ralentissement de la consommation et tensions sur la trésorerie, le secteur du bazar à prix discount traverse une mauvaise passe, alors que les Français n’ont jamais autant été friands de produits low cost.
« 76,4 % des consommateurs ont fait un achat au moins une fois au cours de l’année écoulée dans les enseignes de discount (comme Gifi, Centrakor, B & M…) et de déstockage (comme Action, Stokomani, Noz…), soit 1,4 point de plus en un an », précise Emily Mayer, directrice des études du panéliste Circana. Et ils y dépensent en moyenne 25 euros.
Ce marché, estimé à 12 milliards d’euros annuels, a-t-il toujours le vent en poupe, alors que les Français, dont les budgets ont été rabotés par l’inflation, font la chasse aux dépenses inutiles ? Ainsi, 59 % des Français ont réduit les dépenses non essentielles pour faire face à la hausse des prix, selon le baromètre Cofidis publié en septembre. « L’inflation alimentaire a réduit les achats d’impulsion », véritable moteur de consommation dans ce type d’enseigne, reconnaît Geoffrey Lavielle, directeur général de La Foir’Fouille.
D’autant que l’offre n’est plus toujours adaptée aux besoins. Ainsi, la plupart des enseignes de discount ont considérablement étoffé leurs rayons de décoration et d’équipement de la maison, surfant sur la volonté des Français d’améliorer leur intérieur au sortir de la pandémie de Covid-19. « Ils ont beaucoup acheté, mais, depuis un an, ce mouvement s’est réduit. Tout le monde a des assiettes chez soi, et aucune obligation d’en changer », poursuit M. Lavielle.
A cela s’est ajoutée une météo défavorable à la vente de produits de plein air au printemps. « Fin août 2023, la consommation s’est arrêtée brutalement. Personne ne l’a vu venir. L’équipement de la maison a aussi été victime de la chute de l’immobilier », confirme Jean-Marie Pomarès, président de Maxi Bazar.
Concurrence croissante
Outre l’attentisme des consommateurs, les enseignes ont dû faire face à une hausse de leurs coûts d’exploitation (approvisionnement, transport, énergie, salaires…), qui a fragilisé leur équilibre financier. Ces acteurs importent ou font fabriquer en Asie avec des cycles d’approvisionnement très long. « [Elles] doivent avoir payé la marchandise avant de la mettre en vente, ce qui nécessite un effort de trésorerie important », précise Olivier Salomon, directeur associé du cabinet AlixPartners. A l’inverse, quand les Carrefour, Leclerc ou Auchan « achètent une boîte de petit pois, ils la régleront au fournisseur avec un délai après avoir été livrés. Du coup, ils auront probablement vendu la boîte avant de l’avoir payée », ajoute-t-il.
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