Le brouillard se lève progressivement sur les desseins de François Bayrou. Le premier ministre, en sursis faute de majorité, mène depuis la fin avril une série de consultations des forces politiques représentées à l’Assemblée nationale afin de trouver un accord sur un texte qui introduirait un scrutin proportionnel aux prochaines élections législatives. Cette réforme du système électoral est une conviction profonde et constante chez le centriste, qui y voit l’une des conditions nécessaires à l’expression du « pluralisme » face à la culture délétère de « l’affrontement et de l’antagonisme », encouragée, à ses yeux, par le scrutin majoritaire uninominal à deux tours.
Toutes ces raisons qui poussent le locataire de Matignon à mettre à l’agenda politique le débat sur la proportionnelle sont aussi le symptôme d’une réflexion politique appauvrie sur l’état de la démocratie française et des calculs politiques court-termistes.
D’abord, cette réforme est envisagée dans un contexte politique hautement singulier, en l’absence d’une coalition majoritaire au Parlement. A cela vient s’ajouter le retour, en juillet, du pouvoir de dissolution d’Emmanuel Macron, un an après la convocation de législatives anticipées perdues par son camp et deux ans avant l’élection présidentielle de mai 2027, à laquelle le chef de l’Etat ne pourra pas se représenter.
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