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Le président du Salvador, Nayib Bukele, a directement apostrophé son homologue vénézuélien, Nicolas Maduro, sur le réseau social X pour lui proposer d’échanger les Vénézuéliens incarcérés dans son pays après leur expulsion par les Etats-Unis.

« Je souhaite proposer un accord humanitaire qui prévoit le rapatriement de 100 % des 252 Vénézuéliens qui ont été expulsés, en échange de la libération et de la remise d’un nombre identique (252) de prisonniers politiques parmi les milliers que vous détenez », a ainsi écrit, dimanche 20 avril, M. Bukele.

Nayib Bukele, qui a été reçu à la Maison-Blanche la semaine dernière, est un allié clé du président américain, Donald Trump, dans sa politique anti-immigration. En un peu plus d’un mois, il a récupéré et enfermé dans une mégaprison de haute sécurité 288 migrants expulsés des Etats-Unis, dont 252 Vénézuéliens pour la plupart accusés d’appartenir au gang Tren de Aragua, déclaré organisation « terroriste » par Washington. Pour expulser ces migrants, M. Trump a notamment invoqué la « loi sur les ennemis étrangers » de 1798, qui n’avait jusqu’alors été utilisée qu’en temps de guerre.

« Vos prisonniers politiques n’ont commis aucun crime »

Le président salvadorien a assuré que tous les Vénézuéliens incarcérés au Salvador « ont été arrêtés dans le cadre d’une opération contre des gangs tels que le Tren de Aragua aux Etats-Unis ».

« Contrairement à vous (…), nous n’avons pas de prisonniers politiques », a affirmé M. Bukele en s’adressant à Nicolas Maduro. « Contrairement à nos détenus, dont beaucoup ont assassiné, certains ont commis des viols, et certains ont même été arrêtés plusieurs fois avant d’être expulsés, vos prisonniers politiques n’ont commis aucun crime. La seule raison pour laquelle ils sont emprisonnés est qu’ils se sont opposés à vous et à vos fraudes électorales », a-t-il assuré.

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Parmi les prisonniers au Venezuela qu’il souhaite obtenir en échange, le président salvadorien a cité Rafael Tudares – le gendre de l’opposant et candidat à la présidentielle vénézuélienne de 2024, Edmundo Gonzalez Urrutia –, le journaliste Roland Carreño, l’avocate et militante Rocio San Miguel et les opposants réfugiés depuis plus d’un an dans l’ambassade d’Argentine à Caracas.

Cette demande intervient sur fond de bras de fer sur l’immigration entre Donald Trump et les juges américains. Depuis son retour au pouvoir en janvier, le républicain a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une « invasion » du pays par des « criminels venus de l’étranger », et mettant en scène des expulsions. Mais les avocats de plusieurs expulsés ont protesté, assurant que leurs clients n’appartiennent à aucun gang criminel, n’ont commis aucun crime et ont été ciblés principalement en raison de leurs tatouages.

Inquiétude des ONG de défense des libertés

Donald Trump a fustigé, dimanche, les magistrats s’opposant à cette politique, au lendemain d’un revers important infligé par la Cour suprême qui a annoncé la suspension jusqu’à nouvel ordre des expulsions d’immigrés vénézuéliens vers le Salvador. Il a étrillé les « tarés de la gauche radicale » se battant pour « ramener dans notre pays des meurtriers, des barons de la drogue, des prisonniers dangereux, des aliénés mentaux et des membres bien connus du gang MS-13 », dans un long message de Pâques sur sa plateforme Truth Social. Il a aussi ciblé les « juges faibles et inefficaces » permettant « à cette sinistre attaque contre notre nation de se poursuivre ».

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Plusieurs magistrats ont tenté ces dernières semaines de freiner le gouvernement dans sa politique d’expulsions massives, s’attirant les foudres de l’exécutif. Dans un cas distinct devenu emblématique, l’administration Trump a été sommée par la justice de « faciliter » le retour de Kilmar Abrego Garcia, un immigré salvadorien expulsé à tort et désormais emprisonné au Salvador. Bien qu’il ait reconnu une « erreur administrative », le gouvernement se montre inflexible et assure que ce père de famille marié à une Américaine et qu’il accuse sans apporter de preuve d’être un gangster, « ne reviendra pas » dans le pays.

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« Soyons très clairs, le problème fondamental à l’heure actuelle c’est que l’administration Trump ignore les décisions de justice », a fustigé, dimanche sur Fox News, le sénateur démocrate Chris Van Hollen, qui dénonce vivement l’envoi de ces hommes dans les prisons du Salvador sans passage par la case tribunal et s’est rendu il y a quelques jours dans le pays d’Amérique centrale pour rencontrer M. Abrego Garcia. « Si on refuse à une personne ses droits constitutionnels, on menace les droits constitutionnels de tous », a-t-il prévenu.

Une situation qui suscite la vive inquiétude de l’opposition et des ONG de défense des libertés, d’autant plus que Donald Trump est allé jusqu’à affirmer qu’il « adorerait » y envoyer similairement des criminels américains. « Nous nous rapprochons de plus en plus d’une crise constitutionnelle », a alerté dimanche Amy Klobuchar, sénatrice démocrate du Minnesota, sur CNN.

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Le Monde avec AFP

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