« Manger du flan après avoir couru ? Et pourquoi pas du Nutella ? », s’est exclamé un ami sportif, choqué, quand je lui ai dit que je venais de m’inscrire au Running Flan Club, un groupe de course à pied qui propose chaque samedi, à Paris pour le moment, de se retrouver devant une pâtisserie, d’aller courir ensemble puis de se récompenser, au retour, avec une part de flan de cette même boulangerie.
Justement, rien à voir avec le Nutella. Une part de flan contient 130 calories pour 100 grammes. « C’est un des desserts les moins caloriques », m’a dit Aurélien Bernhard, fondateur du club. « Il n’y a pas de beurre », ajouté son frère Aymeric Bernhard, cofondateur du club.
A l’origine, il y a deux frères. Aymeric d’abord, grand fan de flan, tombé en extase sur celui de l’Hôtel Bristol – « le meilleur », répète-t-il encore. Il emmène Aurélien le goûter. Emballé, celui-ci se lance un défi assez exhaustif : tester tous les flans de Paris. Les deux frères partageant, en plus de l’amour du flan, celui de la data, « Aurel » crée un tableau Excel pour les noter tous. Il y en a déjà une quarantaine dans le tableur quand, un matin de septembre 2024, il appelle Aymeric : il vient d’avoir une illumination. Pourquoi ne pas lancer un groupe de running qui découvrirait chaque semaine un nouveau flan ? Le fait que la quête du flan parfait puisse éventuellement nuire à leur récent engagement sportif ne les effleure même pas.
« Flanfoutistes » et « flanbitieux »
Samedi 1er mars, le club en était à sa vingt-cinquième sortie et, contre 4 euros d’inscription, quelque 200 coureurs attendaient le top départ, répartis en groupes de niveau (les « flâneurs », les « flanfoutistes » et les « flanbitieux »), devant la pâtisserie Graine, rue Oberkampf. La grande majorité a entre 25 et 35 ans. Parmi eux, des gens qui n’ont pas envie de faire du sport tout seul, comme Christina, avocate d’origine portugaise, qui ne court jamais en semaine, mais souhaite rencontrer du monde le week-end. Courir pour finir à la pâtisserie, c’est un peu comme de se dire qu’on va aller à la salle de fitness avec un livre, ça élimine tous ceux qui ne jurent que par la performance. Avant de courir, on parle du flan qu’on va manger. Après avoir couru, on parle de ceux qu’on a déjà avalés. Certains donnent des notes à la part qu’ils engloutissent. « Tout le monde aime le flan, mais chacun l’aime différent », m’a fait remarquer Nina Métayer, la célèbre pâtissière chez qui le club doit terminer sa course du 15 mars.
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