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Fondé en 2020 par les duettistes du clavier Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle, et spécifiquement consacrée au duo de pianos ou au piano à quatre mains, le Rungis Piano-Piano Festival voit sa cinquième édition s’émanciper pour la première fois du Val-de-Marne, pour se produire à Paris devant un Théâtre des Champs-Elysées bondé. Jeudi 3 octobre, c’est au Duo Reflet, composé des deux Japonais Natsu Aoki et Kazune Mori, que revenait la primeur du Concerto pour deux pianos n° 2 en la bémol majeur, MWV 06, composé par un Félix Mendelssohn (1809-1847) encore adolescent.

Lire le compte-rendu de l’édition 2022 : Article réservé à nos abonnés Quand Rungis achalande la musique en duos de pianos

Tous les deux sont lauréats de l’Académie du Rungis Piano-Piano Festival. Lui, jovial et extraverti, en queue-de-pie et coiffure de samouraï, elle, élégante et réservée, en robe rose et allure de geisha. Ils se sont rencontrés en 2015 à Paris, avant d’être admis deux ans plus tard au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, où ils ont créé leur duo, se perfectionnant aux côtés d’Emmanuel Strosser et Claire Désert. Ils ont fait partie des Ensembles en résidence au Festival de piano de La Roque-d’Anthéron (Bouches-du-Rhône).

L’Orchestre national de Lille est déjà installé derrière les grands pianos de concert Kawai accolés tête-bêche, un seul couvercle ouvert coiffant les deux. La jeunesse des interprètes colle avec celle du compositeur, dont l’écriture virtuose semble se griser d’elle-même. Après une longue ouverture orchestrale d’obédience encore mozartienne, mêlant en alternance plages mélodiques et épisodes plus rythmiques, les claviers entrent dans la danse dans un échange à la fois ludique et virtuose.

Est-ce la disposition des instruments, le jeu de Natsu Aoki semble plus articulé que celui de Kazune Mori, laquelle déploie plus de legato. Sous la direction dynamique de Dmitri Liss, l’Orchestre national de Lille, malgré l’acoustique assez sèche de la salle parisienne, fait valoir la finesse et le velouté des cordes, ainsi que des pupitres de vents aux taquets (belles interventions du hautbois).

Au premier mouvement foisonnant et bavard succède un andante de belle facture, introduit par un long trille, qui fera la part belle à de larges méditations pianistiques dans un esprit baroque de concerto grosso. Un jubilatoire allegro vivace, vif et brillant, jeu de ping-pong endiablé entre les protagonistes, viendra clore l’œuvre avec brio : on ne peut s’empêcher de penser au prodigieux Mendelssohn de 15 ans, l’interprétant avec sa sœur aînée, Fanny, ou son professeur et ami, Ignaz Moscheles. Acclamé par le public, le Duo Reflet revient pour distiller en bis avec simplicité et émotion une exquise Valse n° 15, op. 39, de Brahms, dans le rapprochement complice du piano à quatre mains.

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