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Le Royaume-Uni a apporté dimanche 1er juin son soutien au plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental pour parvenir à une solution pour ce territoire disputé, rompant avec sa position traditionnelle et rejoignant d’autres soutiens européens à la proposition marocaine.

Le Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole jusqu’en 1975, est contrôlé en majeure partie par le Maroc mais considéré comme un territoire non autonome par les Nations unies. Un conflit y oppose depuis cinquante ans le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.

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Le Royaume-Uni, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, « considère la proposition d’autonomie présentée par le Maroc en 2007 comme la base la plus crédible, viable et pragmatique pour un règlement durable du différend », a déclaré à Rabat le chef de la diplomatie britannique, David Lammy, devant la presse aux côtés de son homologue marocain, Nasser Bourita.

M. Lammy a toutefois précisé que le soutien britannique à la position marocaine s’inscrivait dans le cadre des efforts de l’ONU pour trouver une solution au conflit, et a exhorté les parties concernées « à s’engager de toute urgence et de manière constructive dans ce processus politique ».

« Parvenir à un accord »

Jusqu’à présent le gouvernement britannique mentionnait le Sahara occidental comme un territoire au « statut indéterminé » et soutenait « les efforts déployés par l’ONU pour parvenir à une solution politique durable et mutuellement acceptable garantissant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental », selon le site du Foreign Office.

L’Algérie a réagi dès dimanche en disant qu’elle « regrette » le soutien apporté par Londres au plan marocain. « En dix-huit ans d’existence, ce plan n’a jamais été soumis aux Sahraouis comme base de négociation, de même qu’il n’a jamais été pris au sérieux par les envoyés onusiens qui se sont succédé », selon la diplomatie algérienne.

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Alger a rappelé que M. Lammy avait « publiquement et solennellement réaffirmé l’attachement du Royaume-Uni au principe du droit à l’autodétermination » des Sahraouis et « n’a ni évoqué ni apporté son soutien à la prétendue souveraineté marocaine » sur ce territoire. Rabat milite pour un large soutien à son plan d’autonomie après avoir obtenu, en 2020, la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur ce territoire contesté, en échange de la normalisation de ses relations diplomatiques avec Israël.

Depuis, le Maroc pousse ses autres partenaires occidentaux à adopter la même position. Ces pressions ont entraîné des tensions avec l’Espagne, l’Allemagne et la France, mais ont finalement porté leurs fruits : Madrid et Berlin soutiennent désormais officiellement le plan d’autonomie marocain, tandis que Paris lui a apporté un appui renforcé à l’été 2024 en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur ce territoire. « Cette année est une occasion unique de parvenir à un accord avant que le conflit n’atteigne son 50anniversaire en novembre », a ajouté M. Lammy.

Une « solution politique durable »

Un cessez-le-feu avait été conclu au Sahara occidental en 1991 et une mission de l’ONU (Minurso) devait y organiser un référendum d’autodétermination qui ne s’est jamais concrétisé. Depuis les Nations unies appellent régulièrement les différentes « parties » à « reprendre les négociations » pour parvenir à une « solution politique durable ».

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Le cessez-le-feu avait volé en éclats à la mi-novembre 2020 après le déploiement de troupes marocaines à l’extrême-sud du territoire pour déloger des indépendantistes qui bloquaient l’unique route vers la Mauritanie, selon eux illégale car inexistante en 1991.

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Le Conseil de sécurité demande des négociations sans conditions préalables, tandis que le Maroc exige qu’elles portent exclusivement sur son plan d’autonomie. « Nous sommes convaincus que la seule solution viable et durable sera celle qui sera mutuellement acceptable pour les parties concernées et qui sera le fruit d’un compromis », a encore déclaré M. Lammy.

Son homologue marocain, Nasser Bourita, a salué ce changement de cap, déclarant que la nouvelle position britannique contribuait « grandement à faire avancer cette dynamique et à promouvoir la voie onusienne vers une solution définitive et mutuellement acceptable sur la base de l’initiative d’autonomie ».

Dans le communiqué conjoint signé à Rabat, le Royaume-Uni a souligné que l’agence de crédits à l’exportation « UK Export Finance p[ouvai]t considérer soutenir des projets au Sahara » dans le cadre d’un « engagement » de cet organisme public « à mobiliser » 5 milliards de livres sterling (quelque 5,9 milliards d’euros) pour de nouveaux projets économiques au Maroc.

Le Monde avec AFP

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